Dans une puissante vague de vie, le BBL présente un «Ku» mystique
Point d'orgue du nouveau spectacle du Béjart Ballet Lausanne, la création de la chorégraphe japonaise Yuka Oishi enchante

Envoûtante et apaisante, «Ku», proposition chorégraphique lumineuse de Yuka Oishi, a charmé les spectateurs du Béjart Ballet Lausanne (BBL) vendredi soir au Théâtre de Beaulieu. Emportés par les tambours de Joji Hirota & The Taiko Drummers, les danseuses et danseurs vêtus de tuniques d'inspiration asiatique semblent pris dans une transe tribale, alternant mouvements d'élévation ponctués de sauts et de courses rapides avec une gestuelle ondulante, presque africaine, plus lente et plus ancrée vers le sol. Manipulant d'énormes bâtons, symboles des combats des moines guerriers ou tirant tous à une même corde unificatrice, les interprètes de «Ku» sont habités d'une intensité concentrée confinant à la méditation. Clin d'œil au «Sacre du Printemps» de Béjart?
Un homme, le fougueux Fabrice Gallarrague, est soudainement porté au pinacle par les danseurs rassemblés dans une vague de vie avant que, comme bercés par la musique onirique de Stephen Micus et le violon de Daniel Hope, les artistes entraînent le public vers de paisibles rivages. Un ballet à l'aura mystique relevée par l'ardente présence de Jaym O'Esso, l'exquise sophistication de Lisa Cano et la grâce de la menue Oana Cojocaru.
En première partie de soirée, sur des musiques de Vivaldi et de Villa-Lobos, les «Éclats» du ballet de Julio Arozarena ont éclaboussé les spectateurs d'un scintillement presque trop intense, enchaînant duos, trios, quatuors et ensemble dans une étourdissante démonstration du meilleur des pas de la danse classique, sans laisser le temps d'une respiration permettant de mieux intégrer la saveur de tant de virtuosité et de précision. Quant au répertoire de Maurice Béjart, il s'est incarné dans un court solo, «Un cygne autrefois se souvient que c'est lui», avec Julien Favreau à la prestance indéniable mais à l'interprétation fragile, accompagnée par Carme Andres, impeccable bien qu'au rôle anecdotique.
Quant au ballet «Syncope», vif et entrecoupé de contretemps ludiques et insolites, il se vit comme un rêve éveillé. Créée il y a huit ans par Gil Roman, directeur artistique du BBL, cette chorégraphie surréaliste teintée d'humour met en valeur la délicate distinction d'Elisabet Ros, danseuse emblématique du BBL et le talent dramaturgique de Gabriel Arenas Ruiz. Sous l'égide de Chronos et au rythme de la musique expressive du groupe Citypercussion, l'ensemble des danseuses et danseurs, tout de transparence et de blanc immaculé vêtus, ont enchaîné sarabande endiablée, semée de beaux ciseaux de jambes tendues pour les femmes et de sauts d'ange contrariés pour les hommes, et minutieuses graphies de bras, sans oublier quelques jolis pas de deux, avant de se lancer dans une course effrénée jusqu'à la syncope en forme de pied de nez.
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