Denis Droz passe du temps avec les archers pour façonner un arc à leur image
Le public pourra voir travailler les habiles mains les 31 mars, 1er et 2 avril. Avant-goût dans l'atelier d'un passionné, qui crée des objets de A à Z, dans un monde où l'automatisation est devenue la norme.
L'odeur du bois ainsi qu'une fine poussière flottent dans l'atelier de Denis Droz, situé à moins d'un kilomètre de son domicile à Marchissy. A droite du mur où sont exposés différents modèles d'arcs, se cachent une vingtaine de médailles de compétition, dont une douzaine en or. Denis Droz s'est découvert sur le tard une passion pour le tir à l'arc, presque par hasard. «Lors d'une sortie d'entreprise en 2007, j'avais le choix entre cette activité-là ou un parcours dans les arbres, raconte-il d'une voix posée. C'est un sport d'adresse silencieux. Il exige d'être centré sur soi-même.» Il s'entraîne d'abord tout seul dans son jardin avant de s'inscrire pour une initiation au club de Gland. Sept mois plus tard, il participe à ses premiers championnats suisses et arrive premier. «La chance du débutant», glisse-t-il modestement. L'homme, aujourd'hui âgé de 63 ans, se nourrit de défis. «Je change presque chaque 10 ans». Après l'équitation et le parapente, il se formera comme facteur d'arc. «A l'aube de ma retraite à 57 ans – il a fait carrière dans le contrôle aérien et le management d'équipe – j'avais plusieurs projets en tête: réflexologue, moniteur de tir à l'arc ou diacre. C'est en allant à Fribourg commander son arc artisanal chez le spécialiste François Merlin qu'il apprend que ce dernier cherche un repreneur. Sa nouvelle vie d'artisan démarre en 2010 avec une formation express auprès du maître. Il reprend son atelier, ses outils et garde même son nom Merlin Archery. «Ma devise est simple: l'arc doit plaire à l'archer. Je passe toujours beaucoup de temps avec lui afin de définir ses besoins.» Il observe attentivement leurs mains et leurs doigts. «Je ne les moule pas mais je m'en souviens. Leur forme est cruciale pour la fabrication de la poignée, la pièce maîtresse.» Chaque objet est unique et personnalisé. «Un archer m'a demandé une fois d'incruster un coquillage qui avait une valeur sentimentale, un autre, une pièce en marqueterie composée d'ébène et d'ivoire de mammouth.» La variété d'essences de bois dans laquelle il sculpte la poignée se décline à l'envie: cerisier, frêne, olivier ou plus exotique, le palissandre ou le wengé et ses reflets noirs, d'origine africaine. Les branches sont, elles, construites en sandwich avec une superposition de couches de fibres de verre transparent, de fibre de carbone, de bambou et de plaquage. «Je travaille beaucoup avec des râpes et des limes. A mes débuts, je n'étais pas sûr de transmettre correctement le bon mouvement à mes mains pour obtenir la forme souhaitée. Il faut s'entraîner. J'apprends encore à développer un geste précis.»
Denis Droz est l'un des quatre facteurs d'arc de Suisse romande. «Chacun a son style. Je décrirais le mien plutôt fin et élégant.» Il s'est spécialisé dans les arcs destinés au tir dit instinctif, sans viseur. «Depuis 6 ans et demi, j'en ai conçu 222.» Pour un modèle démontable et complexe, l'artisan y consacre une semaine entière. «Je compte aussi le temps passé avec son futur propriétaire», précise-t-il. Les plus simples lui demandent tout de même trois à quatre jours. «Ils coûtent entre 1400 et 1 600 fr. J'en fabrique environ deux par mois. Certes, ce n'est pas rentable mais je gagne mon argent de poche. Ce n'est pourtant pas un hobby, comme on pourrait le penser, car je suis là pour satisfaire ma clientèle.» Denis Droz travaille à 60% afin de garder du temps pour sa famille et rêver à d'autres défis. La lutherie peut-être?
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