Sanctions contournées?Des élus fustigent le laxisme de Berne envers Melnichenko
Un proche du Kremlin en Suisse a transmis son entreprise à sa femme juste avant l’annonce des sanctions contre la Russie. Les critiques fusent.

Le Secrétariat d’État à l’économie (SECO) est sous le feu des critiques. Les révélations des journaux Tamedia sur la transmission de l’entreprise de l’oligarque russe Andrey Melnichenko à sa femme, avec l’accord de l’organe de la Confédération, passent mal.
Dans son édition de dimanche, la «SonntagsZeitung» se fait l’écho du mécontentement d’une partie de la classe politique. À commencer par le président du PLR, Thierry Burkart, qui se dit «très surpris» que la procédure ait été acceptée par le SECO.

«Pour moi, cela ressemble beaucoup à un contournement des sanctions», déclare Thierry Burkart. Le patron du PLR aurait souhaité que les faits soient clarifiés plus en détail et que des documents supplémentaires soient demandés. «Le SECO s’est rendu la tâche trop facile.»

«Énormes lacunes»
De son côté, le PS n’y va pas avec le dos de la cuillère. Pour son coprésident, il est «évident que le transfert à des proches est un simple contournement» des sanctions. «La mise en œuvre lente et non motivée des sanctions par le SECO était et est une véritable invitation à proposer toutes sortes de solutions de contournement créatives», insiste Cédric Wermuth qui parle «d’énormes lacunes dans le système suisse».

Face à cette salve de critiques, le SECO se défend et souligne qu’«il ne peut être question de contourner les sanctions». Les sanctions contre Andrey Melnichenko seraient appliquées, ses avoirs personnels bloqués. La société Eurochem ne sera pas poursuivie car «elle-même et ses employés ne sont pas la cible de sanctions et ne figurent pas sur la liste des sanctions», explique l’organe de la Confédération, qui soutient que la possibilité de sanctionner l’épouse de l’oligarque n’existe pas avec la loi d’embargo.
«Pas sur la liste des sanctions»
Pour la suite, «les contournements doivent être évités, sinon cela n’a aucun sens», insiste de son côté le président du PLR. Il réclame des actions du conseiller fédéral en charge de l’Économie, Guy Parmelin, pour la mise en œuvre des sanctions. «Il doit s’assurer que le SECO prenne cette tâche au sérieux.»

La conseillère nationale écologiste Manuela Weichelt ne croit pas que le SECO soit dépourvu de moyens pour appliquer les sanctions aux proches de personnes visées dans le cadre de la guerre en Ukraine. Elle rappelle qu’au cours du Printemps arabe, l’autorité de surveillance des marchés financiers a également appliqué les directives aux proches des dictateurs. Et de souhaiter: «Je m’attends à ce que le SECO applique les règles comme notre régulateur des marchés financiers en ce qui concerne les relations familiales.»
Etonam Ahianyo est journaliste au sein de la rédaction numérique des médias payants. Auparavant, il a travaillé à «20 minutes», «NewsExpress» et comme correspondant en Afrique de l’Ouest pour plusieurs médias internationaux.
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