Sorties livres et BDDes héros plus ou moins ordinaires
Un nouveau Largo Winch, une page de l’histoire belge, le retour d’un grand vizir et des héros de littérature expliqués simplement.
Largo à la frontière de la nuit

Largué, Largo (Winch)? C’est en tout cas ce qu’affirment de jeunes milliardaires insolents bien plus en phase avec les nouvelles technologies que lui. Symbole du capitalisme triomphant des années 80, le héros créé par le scénariste Jean Van Hamme avait pris du retard avec les réalités actuelles de l’univers économique. Eric Giacometti, nouvelle plume de la série depuis 2017, se charge de le remettre à la page, d’entente avec le dessinateur de toujours, Philippe Francq.

Ravi, ce dernier est au meilleur de sa forme graphique dans «La frontière de la nuit», première partie d’un diptyque qui renoue avec la pure aventure, après une intrigue purement économique centrée sur le trading à haute fréquence. Désireux de faire évoluer le groupe W vers des valeurs plus éthiques, Largo Winch n’entend pas pour autant négliger les technologies de pointe, en particulier les marchés spatiaux. Il s’embarque pour un vol à la frontière qui sépare l’atmosphère de l’espace. Le périple dans les étoiles va mal tourner. Les criminels visent haut lorsqu’il s’agit de business.
«La frontière de la nuit», Philippe Francq et Eric Giacometti, Éd. Dupuis, 48 p.
L’incendie de Bruxelles en 1967

Le journaliste et romancier Patrick Weber et son dessinateur Baudouin Deville poursuivent leur saga de l’histoire contemporaine de la Belgique. Après 1943 et la guerre, 1958 et l’exposition universelle, 1960 et la décolonisation, Kathleen et Monique vont être plongées au cœur de l’incendie de l’Innovation, le grand magasin bruxellois.

La première est devenue journaliste à la RTBF, la seconde revient de Paris pour travailler au rayon mode du grand magasin, qui organise une grande quinzaine américaine. Dehors, la contestation se fait violente contre l’impérialisme US et la guerre au Vietnam. Quand l’Innovation s’enflamme, causant la mort de 260 personnes, on suspecte l’extrême-gauche. Une histoire d’amour, une enquête policière, un dessin très classique de la ligne claire, on se plonge avec intérêt dans l’Histoire.
«Innovation 67», Patrick Weber/Baudouin Deville, Ed. Anspach, 64 p.
Iznogoud rêve encore du titre suprême

Imaginé en 1962 par Jean Tabary et René Goscinny, Iznogoud n’en démord pas: il veut toujours devenir calife à la place du calife. Sauf que ses créateurs ont disparu. Qu’à cela ne tienne, d’autres ont pris le relais. À commencer par Nicolas Tabary, un des fils du dessinateur, qui livre ses dernières planches dans «Moi, calife» pour se consacrer à ses propres créations. Elric lui succède graphiquement, avec pas mal de brio. Côté scénario, trois scénaristes relèvent le défi de se glisser dans les pantoufles de Goscinny, ce qui n’a rien d’évident.

Parmi eux, Jul, l’auteur à succès de «Silex and the city» et de l’actuel «Lucky Luke». Les calembours pullulent dans ces cinq histoires de huit planches, le format d’origine des aventures du grand vizir. Gaffe aux prédictions du «deezeur» de bonne aventure, vous pourriez mourir de rire.
«Iznogoud - Moi, calife», Jul, Vassilian, Andrieu, Tabary, Elric, Éd. Imav, 48 p.
Comprendre les classiques

Réviser ses classiques avec la dessinatrice Soledad Bravi et la journaliste Pascale Frey, c’est autrement plus rigolo qu’avec Lagarde et Michard! Les croquis poétiques et hilarants de la dessinatrice, adorée des fidèles de «Elle», livrent une lecture décalée des œuvres qui se marie subtilement avec les textes de la journaliste et critique littéraire.

Celle-ci relit, résume et interprète ces incontournables de la littérature mondiale que sont «Le portrait de Dorian Gray» d’Oscar Wilde, «La Chartreuse de Parme» de Stendhal, «Beloved» de Toni Morrison ou «Germinal» de Zola. Une page survole le pitch du roman et informe sur son auteur, la BD suit. Pour le quatrième opus de leur collection, les deux autrices n’ont pas craint le grand écart, ce qui confère au volume le piquant de la surprise.
«Avez-vous lu les classiques de la littérature?» t.4, Soledad Bravi - Pascale Frey, Éd. Rue de Sèvres, 168 p.
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