Deux avenues serviront de labo à la lutte contre le bruit du trafic
La limitation à 30 km/h la nuit est inédite et constituera peut-être le socle d'une politique généralisée de limitation de la vitesse sur les axes à fortes nuisances sonores.

Et si la diminution de la vitesse était la solution aux troubles des nuits lausannoises? Elle pourrait bien l'être en tout cas pour les habitants des avenues de Beaulieu et Vinet. Dès le mois de juin, ces deux axes principaux feront office de laboratoire contre le bruit routier avec une dizaine d'autres, tous situés en Suisse alémanique. Un arrêt du Tribunal fédéral sur le centre-ville de Zoug a convaincu les autorités de mener l'essai.
Lancé par l'Office fédéral des routes, le Canton et la Ville, le test consiste à limiter la vitesse des véhicules à 30 km/h entre 22 h et 6 h du matin. A Lausanne, on estime que 25% des ménages subissent des dépassements des valeurs limites la nuit. A l'avenue de Beaulieu, la moyenne dépasse ces valeurs de 10 à 13 décibels (dB). Pour Vinet, on se situe autour des 8 à 10 dB. Le test pourrait permettre d'atténuer les nuisances sonores que subit le quartier de 2 dB. De quoi donner la sensation que 66 véhicules circulent lorsqu'il en passe 100.
Pas grand-chose? L'enjeu est pourtant de taille: il pourrait constituer un moyen très bon marché pour faire baisser le bruit dans les villes, et venir s'ajouter à l'arsenal des mesures déjà existantes mais coûteuses. Selon un rapport de l'Association transports et environnement (ATE), un quart de la population du pays «souffre d'émissions sonores supérieures aux valeurs limites adoptées par l'ordonnance sur la protection contre le bruit. Selon les estimations de l'Office fédéral de l'environnement, les personnes exposées à des valeurs supérieures seraient encore plus nombreuses de nuit.»
Lundi soir, les habitants du quartier découvraient le déroulement futur du test. Anne Decollogny, élue socialiste et surtout fondatrice du Collectif Vinet-Beaulieu, vivait un moment «historique». «Nous avons l'habitude d'entendre des sons désagréables. Ce soir, nous entendons une nouvelle musique qui nous est très agréable.» La Lausannoise se bat depuis dix ans pour obtenir des mesures de limitation du bruit dans son quartier. Une «activité de lobbyisme» soulignée et saluée par sa collègue de parti et municipale Florence Germond, qui a repris la gestion de la mobilité l'an dernier.
Quartier acquis à la cause
Un peu surprise, l'élue s'est retrouvée face à une assemblée – essentiellement composée d'habitants des deux avenues – largement acquise à son projet. Pas l'ombre d'un automobiliste pour se plaindre qu'on le limite dans son élan. Tout l'inverse: «C'est invivable, ce bruit, vous n'en faites pas assez!» «Cette ville ne fonctionne plus pour les déplacements en voiture, il faut leur mettre une pression forte.» «Un test sur deux ans pour gagner 2 décibels et pas de garantie que ce soit pérennisé… c'est pas un peu timide?»
Politiques et fonctionnaires ont de leur côté martelé: «La lutte contre le bruit routier est absolument cruciale pour la qualité de vie et la santé.» Florence Germond dit en faire une «priorité politique». Elle entend mettre en place ou poursuivre une large batterie de mesures combinées, «seul moyen de lutter contre les nuisances». Panneaux antibruit, contrôle des véhicules, nouvelles places pour les véhicules Mobility, amélioration des transports publics… «Les autorités sont de toute manière contraintes légalement à prendre ces mesures», rappelle-t-elle.
Cette politique ne date pas d'aujourd'hui. Depuis 2008, 200 000 m2 de bitume phonoabsorbant ont été posés à Lausanne. De 2000 à 2015, 60% de la superficie routière de la ville a été passée en zone où la vitesse est modérée.
A l'échelle du canton, 170 communes sont concernées par les nuisances liées au bruit du trafic. Vaud a investi 29 millions dans des mesures depuis 2008. Par exemple en recouvrant de phonoabsorbant 2,6 km du tronçon Lutry-Cully. Résultat: «8 à 10 décibels de gagnés, c'est énorme», indique Laurent Tribolet, chef de la Division entretien de l'Etat de Vaud. Mais cette technique a ses limites, notamment dans les rues en pente, explique-t-il.
Cet aménagement est d'ailleurs prévu le long de l'avenue Vinet. Il sera mis en place durant le test de la limitation de vitesse. Une façon de voir les effets combinés des deux mesures.
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