«Deux bouteilles de vin suisse par tête sauveraient la profession»
Les parts de marché que le vin local doit récupérer sur fond d'initiatives anti-pesticides: sujet phare de la Journée du vignoble vaudois.

L'équation est assez simple: «Il suffirait que le consommateur suisse achète deux bouteilles de vin local à la place de vin importé pour maintenir notre viticulture!» La phrase est de Gilles Cornut, président de la Communauté interprofessionnelle du vin vaudois. Mais elle a été martelée à tour de rôle par François Montet, président de la Fédération vaudoise des vignerons, et Philippe Leuba, ministre en charge de la viticulture, ce jeudi à Bex, lors de la Journée du vignoble vaudois.
Chacun s'est défendu de pousser à la consommation d'alcool, mais le sujet star de l'assemblée générale des vignerons vaudois était bien le marché, à l'heure où les caves sont pleines, y compris du millésime précédent, que la consommation de vin en Suisse baisse de 1,5% par an et que les vins italiens s'épanouissent dans les grandes surfaces, notamment outre-Sarine.
Les vins suisses ont cédé leurs parts de marché aux vins européens à cause de deux faibles récoltes en 2015 et 2017. Il s'agit maintenant de les récupérer. «Mais lorsqu'on sait que les producteurs italiens donnent 50% de plus à l'hectare que chez nous pour la promotion intérieure de leurs vins, et qu'à cela s'ajoutent des paquets de plusieurs millions pour la pub dans les États tiers, nous ne sommes pas près de faire remonter nos 35% de parts de marché», a illustré Frédéric Borloz, conseiller national PLR et président de la Fédération suisse des vignerons.
«Fermer les frontières? Une balle dans le pied»
Et rien ne sert de fermer nos frontières, estime Gilles Cornut. «Penser qu'une modification des contingents d'importation permettrait de régler ce différentiel est illusoire et révèle une méconnaissance tant des accords que du marché.» Frédéric Borloz a abondé, évoquant les risques d'une fermeture des frontières: «On exigera quelque chose de nous en échange! Par exemple, une baisse du contingent d'exportation du gruyère (aujourd'hui exporté à 40%!) ou une surtaxe; ce serait une balle dans le pied!»
En revanche, le retour à des règles plus strictes pour le touriste d'achat est plébiscité. En 2014, le Conseil fédéral décidait que l'on pourrait rapporter de Divonne (au hasard!) 5 litres de vin étranger contre 2 auparavant. L'idée est de revenir en arrière. Le dossier sera en discussion à Berne ce printemps. Un projet de financement à l'export est aussi en préparation à La Côte, a annoncé Gilles Cornut, et sera discuté tout prochainement avec Philippe Leuba: il s'agit de fédérer des vignerons capables de fournir un marché cible avec une assez grande quantité de vin.
Communication positive
La récente prise de position des jeunes «vignerons en colère» de Saint-Livres a évidemment été évoquée. Si elle a été saluée par certains, François Montet a mis en garde ceux qui prévoient de monter à Berne début décembre. «J'invite les jeunes à défendre leur profession avec conviction et surtout avec classe et sans débordements.» Ce à quoi Frédéric Borloz a ajouté: «Si on crie qu'on ne vend pas notre vin, on ne va pas nous l'acheter mais trouver une raison pour laquelle on ne le vend pas!»
Dans son bilan de l'année écoulée, le secrétaire de la FVV, Philippe Herminjard, a rappelé l'importance de la «communication positive» mise en place par Prométerre pour contrer les deux initiatives – pour une eau potable propre et pour une Suisse libre de pesticides – qui ont poussé récemment la Fédération suisse des vignerons et l'Union suisse des paysans à se rapprocher et à rencontrer ensemble le conseiller fédéral Guy Parmelin. Des panneaux intitulés «Cette vigne a besoin de protection» sont mis à disposition des exploitants: ils sont invités à les placer dans leurs vignes pour expliquer aux promeneurs, qui sont autant de consommateurs et de votants, l'importance de certains traitements sans lesquels la vigne ne pourrait pas survivre.
«Si ces deux initiatives passent l'année prochaine, c'est la mise en péril de nombre d'exploitations, a claironné le conseiller d'État Philippe Leuba. Et une campagne de promotion même massive n'y changerait rien!» Selon lui, seul un engagement de chaque vigneron et l'union de la profession peuvent l'aider à sortir de cette mauvaise passe, à l'heure où «la reconnaissance de nos produits n'a jamais été aussi grande».
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