Dracula mord Saint-Maurice
Démoniaque? Sensuel? Fun? Le château de la cité valaisanne démontre qu'en matière de vampire, toutes les gousses sont dans la nature

Il ne reste plus rien du souvenir de «Petzi» au château de Saint-Maurice, sinon la promesse d'un nouveau succès. Fini les crêpes de l'ourson star de l'expo précédente (23'000 visiteurs, un record). Place à des recettes à base d'ail cru, d'hosties consacrées et de sang humain mis en bouteilles et délicatement disposé sur les marches en pierre. L'ombre de Nosferatu indique le chemin: c'est au bout du couloir à droite. En découvrant «Dracula, l'exposition», on partage le (très) lointain frisson que ressentit Jonathan Harker en passant le seuil du comte des Carpates, confusément persuadé qu'il ne serait pas rentré chez lui pour la course aux œufs.
Heureusement, l'expo valaisanne restitue indemnes tous ses visiteurs. Le château n'a pas rouvert ses oubliettes pour l'occasion: Dracula, sous toutes ses facettes, s'expose sagement au 1er étage. Mais le cadre est idéal. «Comme pour Thorgal et Alice au pays des merveilles, développe le directeur, Philippe Duvanel. Nos vieux murs offrent un petit quelque chose en plus. L'œuvre littéraire de Bram Stoker est fascinante pour toutes les adaptations qu'elle a suscitées.»
De fait, la route vers le comte mort-vivant permet une première sélection pratique: d'un côté le coin enfants, de l'autre celui adultes. Signe de la profusion thématique, artistique et commerciale de Dracula, la déambulation offre assez de matière pour libérer tout un espace aux plus jeunes, avec en prime un minichâteau fort à escalader. Dracula Minion, Dracula manga, Dracula Lego, Dracula poupée… les déclinaisons ludiques du vampire le montrent sous son jour le plus sympa, avatar de l'industrie du divertissement qui trouva dans ce personnage un filon de fascination cool. Pour preuve: le succès de la franchise «Hôtel Transylvanie», trois épisodes d'animation racontant les histoires de papa Dracula et de sa fille. Elle est d'ailleurs diffusée dans une salle mitoyenne, avec sur le sol suffisamment de coussins pour abandonner là quelques instants sa progéniture et filer vers de plus sombres dessins.
Dans un couloir, photos et textes rappellent les conditions de naissance d'un roman à la résonance durable. Ou comment Vlad Tepes, voïvode de Valachie mort en 1476 après avoir usé bien des pals, inspira l'Irlandais Bram Stoker pour son «Dracula», publié en 1897. Lequel influença cinéastes, écrivains, bédéastes, musiciens: autant d'œuvres exposées. Les tronches qui incarnèrent au cinéma le comte ennemi de Dieu se découvrent au cri du loup et dans le noir, à la lampe torche munie d'un crucifix. On les retrouve aussi sur les écrans diffusant toutes les déclinaisons filmiques, des classiques de Friedrich Murnau et de Werner Herzog au classicisme hollywoodien de Bela Lugosi, du filon d'exploitation de la Hammer avec Christopher Lee aux pochades infinies de séries Z. Des 45 tours démontrent la même force d'inspiration: «Dracula Cha-cha-cha», «Disco Dracula», etc. Comics, bandes dessinées, comédies musicales, jeux de plateau et video games… L'expo est courte mais le matériel épais comme un bol de sang frais.
Avant de partir, bien réviser son vade-mecum sur les caractéristiques d'un vampire et comment le faire fuir. Une salle est dédiée à son habitat naturel, ses incarnations animales et ses petits travers. Ou se plonger dans les 1168 pages de «Dracula et autres écrits vampiriques», qui sort ce jeudi dans la Pléiade.
Cet article a été automatiquement importé de notre ancien système de gestion de contenu vers notre nouveau site web. Il est possible qu'il comporte quelques erreurs de mise en page. Veuillez nous signaler toute erreur à community-feedback@tamedia.ch. Nous vous remercions de votre compréhension et votre collaboration.