Les personnes qui réfutent les causes humaines du dérèglement climatique font preuve de contradictions qui prêteraient à rire si elles ne mettaient pas en danger l’approbation de la «loi climat» soumise au vote du peuple le 18 juin prochain.
Les prétendus «climatosceptiques» ressemblent à ce personnage évoqué par Freud, et qui a emprunté un chaudron à son voisin. Lorsqu’il est prié de le rendre et qu’il s’avère que l’ustensile est abîmé, il affirme successivement que le chaudron restitué est en parfait état, puis qu’il était déjà endommagé au moment où il a été emprunté, et enfin, acculé à l’évidence, il tente finalement de prétendre qu’il n’a jamais emprunté de chaudron.
«Le consensus obtenu est le résultat de la mise à l’épreuve de faits, d’hypothèses et de modèles.»
Ainsi vont nos dénégateurs. Après avoir longtemps rechigné à reconnaître le dérèglement, ils en admettent la réalité du bout des lèvres, mais ils accusent les instruments de mesure d’être biaisés et de l’exagérer; lorsque sa gravité s’avère indubitablement liée à l’usage excessif d’énergies fossiles, ils suggèrent qu’il faut quand même lui chercher des causes naturelles.
Ils ont tort. Plus exactement, toutes les hypothèses alternatives qu’ils évoquent ont été testées et falsifiées. Le dérèglement climatique est bel et bien dû à l’avènement d’une société industrielle vorace en ressources non renouvelables. La communauté scientifique s’accorde unanimement sur cette conclusion. Et le consensus ainsi obtenu n’est pas un alliage d’opinions et de demi-certitudes négociées: il est le résultat de la mise à l’épreuve de faits, d’hypothèses et de modèles.
La corrélation entre accumulation de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, élévation des températures, et événements météorologiques extrêmes est indubitable. Et cette accumulation ne peut pas être rapportée à autre chose qu’aux activités humaines. Les climatosceptiques revendiquent un scepticisme dont ils manquent cruellement. Ils sont dénués de la capacité de douter qui permet de procéder à des généralisations contrôlées. Ils semblent incapables de distinguer l’opinion et la connaissance, et restent dans le registre de la croyance infondée.
Le scepticisme est un moteur essentiel de la science. C’est en en faisant usage qu’il a été possible de vérifier les modèles climatiques complexes, impliquant de nombreuses variables et l’interaction entre de nombreux facteurs. Certes, nous ne savons pas quelles seront toutes les conséquences effectives du dérèglement climatique. En revanche, celles observées jusqu’ici sont indéniables et leur cause est sûre.
Si nous ne voulons pas rendre inévitables des calamités plus sérieuses que celles que nous avons connues jusqu’ici, il faut agir. Lorsqu’on connaît un risque, le sens élémentaire de la responsabilité veut que l’on s’emploie à le réduire. Nous ne pouvons pas faire porter le risque de l’inaction aux générations qui vont nous suivre.
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L’invité – Du bon usage du scepticisme
Le consensus sur le réchauffement climatique est le résultat de la mise à l’épreuve de faits, d’hypothèses et de modèles.