Du compost pour toiletter les eaux polluées par les pesticides
La Maison de la Rivière et l'Hepia, entre autres, ont trouvé un moyen de dépolluer naturellement les eaux de surface venues des coteaux.

On en compte plus de mille entre Lausanne et Genève. Aujourd'hui totalement désaffectés, les bassins de décantation qui s'alignent au pied des vignobles lémaniques pourraient bien reprendre du service. Construites dans les années 1960 pour récupérer la terre érodée par les pluies, ces structures feraient en effet de formidables machines à laver. Moyennant évidemment quelques modifications et, surtout, l'installation d'une technologie testée depuis hier à Vinzel.
Développé par la Maison de la Rivière, la Haute Ecole du paysage, d'ingénierie et d'architecture de Genève (Hepia), la start-up Ecavert ainsi que l'institut INRA à Thonon, dotée d'environ 400 000 francs débloqués par la Fondation Gelbert, le projet Agri-Fish permettra de toiletter les eaux de surface venues des vignes. Celles-là mêmes qui auront en cours de route croisé les produits servant à traiter les ceps. «Ces traitements sont nécessaires, notre rôle est de trouver des moyens de limiter leur impact sur l'environnement», expose Pascal Boivin, professeur à l'Hepia.
«Nous testons trois substrats naturels, en fait du compost, dont les molécules vont fixer puis même dégrader les polluants»
Ici, le moyen, c'est de planter des murs d'épuration dans le bassin de décantation afin de traiter l'eau qui y passe. «Nous testons trois substrats naturels, en fait du compost, dont les molécules vont fixer puis même dégrader les polluants», explique Emilie Staub, de l'Hepia, en montrant l'installation développée depuis trois ans dans les laboratoires de l'école. En fait, l'eau «sale» arrive dans le bassin et pénètre dans les murs. Une fois dépouillée de tout polluant par les substrats, elle sort via des drains installés dans la terre. «A moins d'un immense déluge, l'eau ne peut pas sortir d'ici sans être traitée», indique Sylvain Melis, d'Ecavert, la start-up qui a installé la structure.
Si, après les deux ans de tests menés à Vinzel, l'efficacité du système est démontrée, l'équipe du projet compte bien l'installer dans un maximum de bassins. «Si on les équipe tous, on a estimé qu'on pourrait traiter 80% des eaux qui arrivent des coteaux entre Genève et Lausanne», explique Emilie Staub. «Mais nous voyons plus loin, poursuit Pascal Boivin. Un succès nous permettra de chercher des solutions adaptables à tous les environnements, même sans bassins préexistants.»
«Pas un permis de tuer»
«Cette technologie ne doit pas pour autant être un permis de tuer, prévient pour sa part Jean-François Rubin, patron de la Maison de la Rivière. Le meilleur moyen de dépolluer reste de polluer le moins possible. C'est pourquoi les efforts doivent être partagés.» Ainsi, le «Projet Boiron», qui invite les exploitants des hauts de Morges à chasser toute pollution ponctuelle de l'eau (par exemple lors du nettoyage des machines), est une opération tout à fait complémentaire. «La pollution de l'eau a de nombreuses sources, et c'est en trouvant une solution pour chacune que nous arriverons à être complètement efficace», conclut Pascal Boivin.
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