Théâtre à LausanneDu pain sur les planches
Michel Sauser, programmateur du 2.21, présente «Le chant du levain», spectacle basé sur un art de la boulangerie qu’il a lui-même pratiqué.

Une pièce dont le personnage principal serait le pain… Michel Sauser l’a rêvée, pétrie et la porte désormais sur scène sous le titre «Le chant du levain». Il faut dire que le programmateur du 2.21 à Lausanne avait des antécédents pour porter à bien un tel projet: dès l’âge de 6 ans, il se destinait à devenir boulanger et c’est en effet une profession qu’il a pratiquée pendant huit ans avant de se consacrer à l’art scénique.
«J’ai été boulanger de 16 ans à 24 ans. J’adorais ce boulot, mais je l’ai quitté pour ne pas vivre à l’envers et rejoindre une vie sociale. Je n’ai jamais arrêté de confectionner du pain et des gâteaux mais, pendant le Covid, j’ai vécu un nouveau déclic.»
Pas peur du four
L’homme de théâtre s’active alors plus que jamais derrière son four et poste régulièrement ses recettes, parfois filmées sur Facebook. L’artiste visuel Nicolas Wintsch le repère et lui demande s’il ne veut pas faire de cette passion retrouvée l’occasion d’un spectacle un peu atypique. Rejointe par le musicien Pierre Audétat, le comédien et dramaturge Benjamin Knobil et quelques autres, la petite bande opère un galop d’essai lors d’une performance, «Je mange donc je suis», permise par un budget du Service Bibliothèques & Archives de la Ville de Lausanne. «Les gens ont regardé un mec faire du pain pendant une heure!»
«Je pense qu’il n’y a plus que 5 ou 6 endroits à Lausanne où le pain est encore fabriqué là où on l’achète.»
Nicolas Wintsch est fasciné et les compères décident de passer la vitesse supérieure pour amplifier ces beaux gestes et les valeurs qu’ils charrient. Un héritage ancestral en péril, comme le rappelle Michel Sauser. Une situation qui ne tient pas qu’à une intolérance au gluten conséquente à l’enrichissement des blés par l’usage, dans l’après-guerre, des nitrates et des phosphates des fabricants de bombe, recyclés en engrais. «Je pense qu’il n’y a plus que 5 ou 6 endroits à Lausanne où le pain est encore fabriqué là où on l’achète. Plus généralement, en trente ans, près de 70% des boulangers ont disparu.»
Les levures ont aussi simplifié et accéléré le processus de fabrication… Mais Michel Sauser entend faire chanter son levain, soit la technique la plus ancienne (fermentation d’eau et de farine) pour faire lever son pain. On n’en dira pas plus, mais il faut se dépêcher de s’inscrire à ce spectacle à déguster en pleine pâte, car les places partent déjà comme… des petits pains!
Lausanne, Théâtre 2.21, du je 26 jan. au je 2 février. www.theatre221.ch
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.