Le 13 janvier 2023, la Société suisse des entrepreneurs (SSE) a entériné la proposition d’accord visant à renouveler la convention nationale du secteur de la construction (CN), comme l’avaient fait les syndicats en décembre dernier. L’accord prévoit, entre autres, une hausse généralisée des salaires de 150 francs, ainsi que le retrait des propositions en matière de temps de travail faites par la SSE qui sont inacceptables dans une branche réputée pour sa pénibilité.
«Tout ça pour ça» donc? Cela reviendrait à porter un regard réducteur et simpliste sur le conflit social qui a agité les chantiers l’an dernier. Rappelons qu’en automne 2021 la SSE sondait ses membres sur l’éventualité de ne pas reconduire la CN, s’appuyant pour ce faire sur une étude dont la faîtière conclura que «la renonciation à une convention collective de travail n’entraînerait pour l’instant que peu de changements majeurs pour les différentes entreprises de construction» (cit.).
«La grève n’est pas une fin en soi pour les syndicats et les travailleurs, mais un outil, un recours ultime.»
Sentant que les négociations s’envenimeraient au vu de la position de la SSE, le syndicat Unia Vaud a maintes fois tendu la main à la Fédération vaudoise des entrepreneurs (FVE) afin de trouver une issue constructive. Mais la FVE n’a jamais donné suite, s’alignant sur les négociations nationales. Il fallait donc partir au combat contre la semaine de plus de 50 heures et la baisse de salaire des travailleurs âgés moins productifs.
Soyons lucides: si cette situation alambiquée s’est débloquée, après deux ans sans augmentation, c’est grâce à la grève et la mobilisation des travailleurs, et non suite à un prétendu accès de philanthropie de l’aile patronale.
La grève n’est pas une fin en soi pour les syndicats et les travailleurs, mais un outil, un recours ultime pour les salariés lorsqu’ils voient que toute forme de discussion est compromise.
La grève, ce n’est pas non plus «une fête» pour «boire deux bières au prix d’une» comme l’a définie avec mépris le président du groupe vaudois des entreprises de maçonnerie et génie civil dans ces colonnes, insultant au passage les maçons et un syndicat qui compte parmi ses affiliés les trois quarts des salariés de la branche («24 heures» du 17 janvier 2023).
De grands défis pour la branche
Malgré cela, nous saluons sa proposition de remettre les partenaires sociaux à la table des discussions. Les défis de la branche pour les prochaines années sont très grands, notamment en matière de formation, d’attractivité de la profession et de conditions de travail.
Les contraintes imposées par les maîtres d’ouvrage et les directions des travaux sont un vrai problème. La preuve en est que, durant les journées de fortes intempéries de ces derniers jours, beaucoup de travailleurs ont œuvré dans le froid, sous la neige, sur la glace, dans des conditions inacceptables afin de respecter les délais de réalisation.
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