Quand il s’agit d’école à la maison, les clichés ont la dent dure. Familles religieuses retranchées dans un milieu fermé? Parents fortunés engageant des précepteurs dans une vision antique de l’éducation? L’avant-projet de révision de la loi sur l’enseignement privé ouvre la voie à l’expression de toutes les idées reçues, plongeant aujourd’hui les familles concernées dans la perplexité ou la lassitude. Il serait temps d’élever le débat.
Non, la scolarisation à domicile n’est pas l’apanage de familles aisées. Les familles appartiennent souvent à la classe moyenne. Et si elles se distinguent, c’est parce qu’elles prennent la responsabilité pleine et entière de l’instruction de leurs enfants, renonçant sciemment à un salaire. Entre un nouveau téléphone portable ou un projet scientifique à développer avec les enfants, il n’y aura pas d’hésitation.
«S’adapter aux rythmes d’apprentissage de chaque enfant, afin de valoriser leurs dispositions naturelles et les aider à trouver leur voie dans la société future.»
Un tiers de ces familles recherche avant tout une instruction capable de s’adapter aux rythmes d’apprentissage de chaque enfant, afin de valoriser leurs dispositions naturelles et les aider à trouver leur voie dans la société future. Quant aux deux tiers restants, c’est la souffrance scolaire de leurs enfants qui les poussera à franchir le pas. Isolement, harcèlement, perte de la joie de vivre. L’école à la maison est l’ultime espoir, quitte à se lancer dans l’inconnu.
Actuellement, le modèle dominant de l’instruction des enfants est soumis aux contraintes de l’économie. Il impose une organisation précise pour permettre aux deux parents de travailler. Les parents travaillent d’un côté, les enfants étudient de l’autre. Nous ne connaissons que ça, au point qu’il semble impossible de vivre autre chose.
Mais l’école à la maison, ou plus justement «l’instruction hors établissements scolaires» (IHES), est une alternative à ce modèle. Contre toute attente, elle offre une vraie richesse sociale. Les apprentissages des enfants se mêlent au quotidien, dans un environnement où tous les âges se croisent. Retraités, voisins, professionnels, copains, fratrie. Les enfants de différentes familles étudient parfois ensemble, parfois en ligne, développent des projets, s’entraident. Certains passent même la Maturité fédérale ainsi. Il y a autant de modèles pédagogiques que de familles.
Contrôles identiques
Quant au contrôle, il en va de même que pour tous les élèves vaudois. Les enfants instruits hors établissement scolaire passent les épreuves cantonales de référence (ECR) dans une école. En sus, un contrôle annuel des connaissances est assuré par l’État à leur domicile.
Aujourd’hui les familles sont fatiguées des idées reçues. L’association cantonale Instruire en liberté Vaud encourage les experts autoproclamés à se pencher sur l’étude de 2020 du Pr Christine Brabant qui mène une enquête sur la francophonie. Le constat est sans appel. Les motivations des parents vaudois sont pédagogiques et sociales. C’est un modèle riche qui fonctionne.
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L’invitée – École à la maison: et si on élevait le débat?
Jeanne Rektorik voit dans la scolarisation à domicile un modèle qui fonctionne.