Économie numérique et fracture sociale: pas de fatalité!
Raphaël Thiébaud propose des pistes pour adapter le monde du travail à la mutation de la société.
L'arrivée du numérique a amorcé des bouleversements dans le monde du travail dont, pour l'heure, nul ne peut prédire l'évolution exacte. En revanche on sait qu'elle affecte aussi, cette fois, l'économie des services, génératrice de la majorité des emplois, et qu'il y aura probablement de nombreux laissés-pour-compte. Sans mesures pour en réduire le nombre en accompagnant ceux qui seront touchés par ces changements, la transition se fera dans une crise sociale qui pourrait se révéler considérable.
«Nous préparer, en innovant dans l'accompagnement des personnes les plus impactées»
Facteur aggravant, la population vieillit et nous devrons assurément un jour travailler au-delà de 65 ans pour assurer la pérennité de notre système de retraites, alors qu'aujourd'hui déjà les seniors (plus de 50 ans) au chômage peinent à retrouver un emploi fixe. Il nous faut donc nous préparer, en innovant dans l'accompagnement des personnes les plus impactées par ces changements à venir.
Nous proposons ici trois niveaux d'action: – Individus: chacun est responsable de planifier sa carrière et d'anticiper sa compétitivité sur le marché du travail, en faisant périodiquement un bilan de ses compétences et en acquérant régulièrement de nouvelles facultés (formations, lectures, informations, stages, etc.). Cela permet aussi de mettre en perspective ses propres aspirations (professionnelles ou privées) et de connaître sa valeur sur le marché du travail (confiance en soi), éléments primordiaux au moment de se repositionner lors d'un changement de carrière.
– Entreprises: il est dans leur intérêt économique d'anticiper les évolutions des métiers pour leurs collaborateurs et de les accompagner dans cette démarche (formations, reconversions internes), et ce jusqu'en toute fin de carrière. Elles doivent aussi repenser certains postes pour des personnes plus expérimentées et âgées et, lors de réorganisations, soutenir les employés concernés dans leurs recherches d'un emploi déjà durant leur délai de congé.
– État: la loi sur la prévoyance professionnelle (LPP) doit impérativement abolir le modèle progressif du taux minimal obligatoire pour les cotisations, qui pénalise fortement les plus de 45 ans. La loi sur l'assurance chômage (LACI) pourrait aussi être étendue à l'aide professionnelle en cours d'emploi, avec des mesures incitatives de type crédits à la formation ou en développant un centre d'assistance aux personnes en reconversion, avec des coachs issus ou faisant partie du monde du travail et au fait des exigences de l'économie numérique.
Si les seniors sont les premiers affectés par ces changements, à terme chacun sera concerné. Si rien n'est entrepris rapidement en expérimentant déjà des solutions pragmatiques, nous risquons d'être désemparés lorsque de nombreux profils professionnels ne correspondront plus aux besoins des entreprises, avec pour effet une fracture sociale et un risque grandissant de confrontation entre générations et classes sociales.
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