Qui veut travailler pour 2500 francs par mois?
ZurichUn groupe de mode allemand recherche à Zurich des conseillères prêtes à travailler à des conditions insuffisantes pour vivre.

L'entreprise allemande Outfittery cherche à s'implanter à Zurich. La société, qui offre des services d'achat de vêtements à une clientèle masculine, s'est donc mise à la recherche de conseillères capables d'aider ses clients. Et à accepter un salaire de 2500 francs par mois pour un poste à temps plein, comme le raconte le Tages-Anzeiger dans son édition du 11 mars.
Outfittery a été fondée en 2012 par deux étudiantes, Anna Alex et Julia Bösch, et emploie actuellement 250 personnes. Elle livre ses produits dans huit pays dont la Suisse. Comme l'a confirmé Dominic Gaspary, son directeur pour l'Allemagne, l'Autriche et la Suisse, l'ouverture d'une filiale sur les bords de la Limmat est à l'étude.
Choquée par le montant
L'entreprise offre «une façon révolutionnaire dans le conseil à la clientèle» ainsi que «de l'air, de l'amour, de la vie et du travail dans l'univers des start-up» mais aussi des salaires misérables qui ont rebuté les premières postulantes. «J'ai été choquée quand on m'a dit le montant», a raconté Nina, qui travaille depuis plusieurs années dans la mode.
Les autres conditions l'ont également fait bondir. Elles prévoient une augmentation de salaire de 0,5% si les vendeuses atteignent un chiffre d'affaires mensuel 60'000 francs. Une autre augmentation d'un pourcent dépend d'autres objectifs. Les équipes travaillent cinq jours par semaine pour une base de 40 heures et un sixième jour est possible dans des conditions exceptionnelles mais il est compensé, a précisé Dominic Gaspary.
Dumping salarial, pour Unia
Il s'agit d'un cas typique de dumping salarial, lâche le syndicat Unia. «Qui veut engager du monde en Suisse doit leur donner des salaires suisses», a rappelé Natalie Imboden, alors que les conditions sont déjà dures dans la branche de la mode. Le syndicat a toutefois réussi à obtenir des salaires décents chez de grands détaillants comme Coop ou Migros. «Mais des entreprises comme Outfittery menacent tout développement positif.»
Le problème vient de la loi suisse qui ne propose aucun salaire minimum dans le commerce de détail et la branche ne propose pas de convention collective du travail. Natalie Imboden appelle donc à en créer une d'urgence dans les achats en ligne.
Pas de conditions de travail à la carte
Comme le montre le Tages-Anzeiger, les autres détaillants dans la mode offrent des conditions nettement meilleures puisque le salaire varie entre 3850 et 4250 francs selon l'âge et la formation. Mais les revendeurs sur internet cherchent toujours à tirer les prestations vers le bas, s'est indignée Natalie Imboden. «S'ils veulent faire des affaires en Suisse, il faut clairement leur faire comprendre qu'ils ne peuvent pas choisir des conditions de travail à la carte.»
Outfittery rejette toute accusation de dumping et souligne qu'aucun contrat n'a pour le moment été signé en Suisse. «Nous n'en sommes qu'au stade des premiers entretiens», a précisé Dominic Gaspary. Quant au montant de 2500 francs proposé, il ne doit servir que comme base de négociation. «Mais pour moi, c'était clair qu'il n'était pas sujet à discussion», a rétorqué Nina.
Créé: 11.03.2016, 11h18
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