Votation du 25 septembreBerset appelle à refuser l’initiative contre l’élevage intensif
Le conseiller fédéral estime que le texte aurait des répercussions négatives sur les consommateurs et les paysans en cas de «oui» dans les urnes.

L’initiative populaire visant à interdire l’élevage intensif doit être refusée le 25 septembre prochain, a prévenu mardi le conseiller fédéral Alain Berset. Il a pointé des potentielles répercussions négatives sur les consommateurs et les paysans.
«Nous avons fait beaucoup de progrès ces vingt dernières années sur la problématique de la dignité des animaux», a lancé Alain Berset devant la presse à Berne. La législation suisse est déjà une des plus strictes au monde en matière de protection des animaux.
Un nombre toujours plus important d’animaux de rente sont hébergés de façon particulièrement respectueuse et peuvent sortir régulièrement en plein air. La Confédération encourage d’ailleurs les formes d’exploitation agricole respectueuses de l’environnement et des animaux, a-t-il rappelé.
Interrogé sur l’aspect éthique de l’élevage industriel, par exemple à propos de porcs qui ne voient jamais la lumière du jour, le ministre a préféré s’en tenir au terrain juridique. «La question de notre rapport à l’élevage se pose effectivement», la Suisse a une longue tradition dans le domaine. Mais c’est le cadre légal et la politique qui déterminent la réponse.
Le texte «Non à l’élevage intensif» veut interdire l’élevage intensif dans les 25 ans en ancrant des normes bio dans la Constitution. Berne devrait fixer des critères sur un hébergement et des soins respectueux des animaux, l’accès à l’extérieur, l’abattage et la taille maximale des groupes par étable. L’initiative prévoit aussi d’interdire les importations d’animaux et de produits d’origine animale qui ne répondraient pas aux exigences suisses.
Viande plus chère?
Mais en cas de «oui» le 25 septembre, Berne devrait aller encore plus loin que ce que prévoient déjà les lois. Ce qui ne serait pas sans conséquences, avertit Alain Berset. Toute la chaîne de production serait impactée.
Quelque 3300 exploitations agricoles seraient contraintes de réduire leurs effectifs d’animaux ou d’augmenter leurs surfaces. L’élevage coûterait ainsi plus cher, et de nombreuses exploitations devraient procéder à des investissements importants. D’après les calculs de l’administration fédérale, ces coûts supplémentaires seraient de l’ordre de 400 millions à 1,1 milliard de francs par an.
Ce qui se répercuterait sur les consommateurs, qui n’auraient plus accès qu’à des denrées alimentaires provenant d’élevages respectant les normes bio. Il n’y aurait plus d’autre choix. Le prix des aliments d’origine animale devrait prendre l’ascenseur, même si c’est «difficile de dire maintenant dans quelle proportion. Cela dépendrait de la mise en oeuvre de l’initiative», a estimé Alain Berset.
Contrôles
Il ne serait également plus possible d’importer en Suisse les denrées alimentaires d’origine animale ne répondant pas aux normes bio. Cette interdiction ne toucherait pas uniquement la viande, les oeufs, le fromage ou le lait, mais aussi les denrées alimentaires contenant des ingrédients d’origine animale telles que les pâtes aux oeufs, les produits de boulangerie ou le chocolat.
La Confédération devrait mettre en place un système de contrôle des importations très laborieux et coûteux. À titre d’exemple, plus de 40% de la viande de volaille et des oeufs viennent actuellement de l’étranger.

Une interdiction d’importation enfreindrait enfin des accords commerciaux internationaux conclus avec l’UE. De telles règles d’importation pourraient entraîner des conflits avec l’Organisation mondiale du commerce et les États avec lesquels la Suisse a conclu des accords de libre-échange.
Pas de contre-projet
L’initiative a été largement rejetée au parlement, soutenue seulement par les Verts et une bonne partie des socialistes. Le Conseil fédéral souhaitait un contre-projet direct, qui prévoyait d’inscrire le bien-être animal dans la Constitution, sans reprendre l’interdiction des importations non bio.
Alain Berset avait alors mis en garde contre une éventuelle acceptation de l’initiative sans contre-projet, rappelant les initiatives sur les soins infirmiers et le tabac, acceptées par le peuple, mais «difficiles à mettre en oeuvre».
Lancée par l’organisation antispéciste Sentience Politics, «Non à l’élevage intensif» est soutenue notamment par la présidente de la Fondation Franz Weber, Vera Weber, des organisations comme Greenpeace ou Bio Suisse, et des personnalités politiques de différents bords.
ATS
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