La revoilà, la femme à burqa! Celle qui apparaît régulièrement, à toutes les sauces, sur les affiches des campagnes UDC. Au niveau national, c’était pour s’opposer à la naturalisation facilitée de la troisième génération (!). Au niveau cantonal, en Valais, pour parler de l’interdiction des couvre-chefs en classe (!). Or, non seulement il n’y a pas de femme à burqa dans notre jeunesse, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas une réalité tout court en Suisse.
Ce qui signifie que le résultat des urnes le 7 mars prochain sur l’initiative «Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage» lancée par le Comité d’Egerkingen (sorte de bras armé imagé de l’UDC) n’aura aucune incidence dans notre société. Que cela soit un oui ou un non, les femmes de ce pays ne verront aucune avancée ou recul de leurs droits.
«Je suis féministe et je voterai non à cette initiative.»
Pourquoi diable parler alors d’un problème qui n’existe pas et dont le résultat des urnes, quel qu’il soit, ne changera rien? Certain·e·s répondront: pour le principe. Par féminisme. Je suis féministe et je voterai non à cette initiative.
Parce que justement je veux du féminisme et pas du populisme.
Parce qu’agiter le spectre de la burqa à toutes les sauces pour en faire une marque de fabrique non pas féministe mais islamophobe, cela compte dans ma réflexion.
Parce que l’obscurantisme ne se combat pas par le populisme.
Parce que l’obscurantisme des uns (la burqa) ne se combat pas avec l’obscurantisme des autres (celui de l’UDC qui refuse toute avancée réelle et possible en matière d’égalité dans notre pays).
Oui, je crois encore que le contexte et les faits sont importants pour prendre une décision. Un peu comme dans le domaine de la justice. Ce qui garantit le droit et donc la démocratie, c’est que les décisions se prennent au cas par cas. En étudiant l’environnement de l’acte.
Spectre populiste
Les faits sont là: la femme à burqa n’est pas un prototype de la femme musulmane en Suisse. Le contexte est clair: les initiant·e·s agitent un spectre populiste. Mon diagnostic est sans appel: cela sera un non le 7 mars prochain.
Mon engagement pour la cohésion sociale se situe hors de ce champ. Il se situe dans un engagement pour une école intégratrice, une société où les passerelles pour garantir l’égalité des chances sont développées chaque jour. Où l’esprit critique est développé. Je me bats pour l’égalité homme-femme par des mesures et des effets réels.
Je ne peux m’empêcher de penser, à la vue et à la réalité des faits cette fois-ci, vécue par beaucoup de nos concitoyen·ne·s à cause du Covid, que le peuple suisse saura faire le tri entre la propagande et les vrais problèmes de notre pays.
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L’invitée – Elle nous avait presque manqué, la femme à burqa…
Ada Marra s’oppose à l’initiative «Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage» soumise au vote le 7 mars.