Il n’y aurait donc plus d’émission religieuse à la RTS, à part les messes et cultes du dimanche? C’est ce qu’on a pu lire dans un article de «24 heures» consacré à la suppression du magazine TV «Faut pas croire». La réalité est un peu différente. D’abord, parce qu’il existe deux autres magazines radio et une chronique quotidienne dans La Matinale de La Première. Ensuite, parce que nous allons imaginer un nouveau rendez-vous à la place de «Faut pas croire».
Les questions religieuses et éthiques resteront bien présentes à la RTS. Qu’on parle d’extrémisme religieux, d’enjeux de société (sur lesquels nous votons parfois) ou même de la crise sanitaire, avec par exemple le dilemme éthique posé par le tri des malades aux soins intensifs dans certains hôpitaux, ou encore, durant la première vague de la pandémie, ces familles empêchées d’accompagner leurs proches dans la mort et que les restrictions ont privé des rituels permettant de mieux vivre leur deuil, tous ces thèmes sont régulièrement traités dans les différentes émissions de la RTS. Ils font pleinement partie du mandat de service public.
«Une double contrainte: la réduction des moyens financiers et la nécessité de s’adapter aux usages et aux attentes du public.»
Parallèlement, la RTS doit redessiner son offre de programmes en tenant compte d’une double contrainte: la réduction des moyens financiers et la nécessité de s’adapter aux usages et aux attentes du public.
D’un côté, en effet, la publicité TV migre vers le digital en suivant le mouvement du public. Cela représente une perte d’une centaine de millions pour la SSR depuis 2015. Comme cette tendance va se poursuivre, nous devons, à la RTS, réduire notre budget de 15 millions ces prochaines années, en plus des économies déjà opérées jusqu’ici. Dans ces conditions, il n’est plus possible de ne pas toucher au programme et aux moyens de production qui représentent 85% de notre budget.
En même temps, nous sommes dans une démarche de développement et de transformation. Nous allons réinvestir en télévision et faire évoluer notre grille pour mieux intéresser une partie du public, notamment les 30-49 ans, qui a tendance à délaisser la RTS. Les efforts que nous faisons depuis deux ans dans ce sens montrent que cela est possible.
Diversité de l’offre
Ensuite, nous rejoignons sur les plateformes digitales le public qui, globalement, regarde moins la télévision et écoute (beaucoup) moins la radio. À l’addition de ces deux démarches complémentaires, notre ambition est de servir tous les publics dans la diversité de leurs usages.
«Faut pas croire» touche un public plutôt âgé. Nous voulons continuer à le servir mais nous pensons que les questions religieuses, éthiques et la quête de sens intéressent aussi un public plus large. Imaginer une nouvelle offre en images et le rejoindre là où il nous attend, non seulement en radio-TV mais aussi sur les plateformes digitales, c’est l’ambition que nous allons concrétiser d’ici à la rentrée d’automne 2022.
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L’invité – Émissions religieuses à la RTS: rejoindre le public là où il nous attend
Pascal Crittin précise les projets et décrit les contraintes de la RTS.