Lors d’une séance du Conseil communal de Lausanne sur le budget 2022, l’ultime amendement d’une longue liste attira l’attention du plénum. Il s’agissait d’une proposition du groupe d’extrême gauche visant à affecter au fonds CO2 de la ville les 27 millions tirés des bénéfices de la vente de gaz.
A priori et avec mon regard de nouvelle élue, je me dis alors qu’il n’y avait aucune raison pour que cette proposition ne trouve pas le soutien d’une majorité de l’hémicycle. C’était sans compter l’opposition marquée de la Municipalité, suivie par les membres roses-verts du Conseil communal. En effet, avec déjà 62 millions de déficit au compteur, l’Exécutif fut d’avis – et persiste à l’être - que ce n’est pas le moment opportun pour notre ville de dénouer les cordons de la bourse. Sur le papier et sous l’angle comptable, cette analyse n’est pas erronée.
«Ces émissions de CO2 auront un coût environnemental pour les générations de demain.»
Cependant, lorsque je prends un peu de recul sur l’objet, plusieurs constatations me viennent à l’esprit. Tout d’abord, est-il raisonnable, en 2022, pour une ville comme Lausanne avec une majorité se disant pour l’écologie, de se permettre de compter sur des millions provenant d’une énergie «sale»?
En effet, même si cet argent est aujourd’hui dans les caisses de la Ville, ces émissions de CO2 auront un coût environnemental pour les générations de demain. C’est donc une approche conservatrice que de miser sur ces revenus pour maintenir à flot, tant bien que mal, la santé financière de la ville.
Ensuite, lors des débats, la majorité politique avait évoqué toutes ses bonnes intentions pour sortir des énergies fossiles à terme. Il faudrait également prendre notre mal en patience, car pour le moment une partie de la production d’énergie est dépendante du gaz. On constate néanmoins que cette même majorité dirige Lausanne depuis plusieurs décennies et que la réalité du réchauffement climatique est également connue depuis ce laps de temps.
Cerise sur le gâteau: en parcourant le rapport de la Commission des finances, on s’aperçoit que les revenus liés au gaz ont légèrement diminué en 2020. Effets de mesures climatiques? Absolument pas! Il s’agit tout simplement d’une baisse de la consommation liée à… des températures plus clémentes!
Des investissements colossaux
Ces revenus liés au gaz étant prétendument indispensables, c’est donc à juste titre qu’une minorité d’élus s’est posé la question de leur affectation à un but vertueux. En effet, une évolution vers un modèle de production d’énergie rentable provenant du renouvelable ne peut se faire sans des investissements colossaux.
Enfin, cette solution aurait eu pour avantage de mettre la ville face à ses responsabilités, et surtout face à sa situation budgétaire réelle en tenant compte de tous les impératifs pour réaliser la transition énergétique. Agir vite, de façon créative et flexible: l’exemple du gaz lausannois nous montre parfaitement que cela sera le plus grand défi qui attend nos instances politiques.
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L’invitée – En 2022, Lausanne compte encore sur les revenus du gaz
Virginie Cavalli se demande s’il est judicieux que la Ville estime indispensables les bénéfices de la vente d’une énergie non renouvelable.