En ado potache, Mauvaise langue roule sa première gamelle
Sur la RTS, le round d'ouverture du talk-show de Thomas Wiesel and Co embrasse large mais fait peu saliver.

«La bière ne ment jamais», dit la maxime. Celle posée devant Thomas Wiesel, indispensable élément liquide du décorum des late night shows anglo-saxons, avait vendredi soir la métaphore triste pour résumer le premier épisode de son nouveau rendez-vous sur la RTS: sans bulle, sans mousse, d'un jaune pipi (caca) et offrant le spectacle d'un bock à moitié vide — ou à moitié rempli, pour les optimistes.
Évidemment, le challenge n'avait rien de simple: remplacer la paire de Vincent(s) et leurs 26 minutesaux parts de marché soviétiques via un digest de l'actualité de la semaine, avec un invité, un «expert» et quelques capsules de comédie. Mais alors que Veillon et Kucholl avaient assuré leur entrée en télévision grâce à une technologie multimédia conséquente qui pouvait suppléer aux carences de l'animation pure, Thomas Wiesel joue sur le fil presque exclusif d'un dialogue avec la caméra ou avec ses camarades invités, sur le modèle des cadors du genre. Le premier exercice trahit l'inexpérience: diction contrainte, gestuelle nerveuse, regard sur le prompteur qui lui fait viser le bas de l'écran à droite — le champion du stand up romand doit trouver à la télé le naturel de la scène.
Double malaise
Quand il s'adresse à son invité, le malaise est double. Le kamikaze Blaise Bersinger part en torche, enroulé dans son humour absurde qui fonctionne mal en conversation, l'éteignant dans des punchlines plus proches du prout que de l'uppercut. Autre tête d'affiche du stand up, Marina Rollman anime une pastille du futur à l'esthétique évoquant moins une carte postale de 2040 qu'un clip de progrock seventies. Le téléspectateur court derrière sa logorrhée sans y trouver de quoi s'amuser beaucoup.
Car au-delà de ses fragilités formelles, l'émission souffre d'un déficit de rigolade assez stupéfiant. La revue de l'actualité se déroule comme un digest de fil Facebook, avec ses moments les plus insolites ou navrants (Trump dans les deux cas). L'actu suisse (cars postaux, Pascal Broulis, JO de Sion) donne lieu à des gags patauds — à l'exception du conseiller d'Etat vaudois, prétexte à une admirable évocation de Sainte-Croix par son expatrié Yann Marguet.
La séquence «brèves de comptoir» laisse pantois par son humour de préau d'école. Même les Vincent, en caméo, n'y sont pas drôles. On change de chaîne en espérant que ce galop d'essai trop amateur ne fournira pas en argument les promoteurs de No Billag, au registre de la fantasmée arrogance de la RTS. Ce qui serait définitivement le moins bon gag de l'émission.
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