En Autriche, on va rejouer le match Macron-Le Pen
A Vienne, l'ascension du jeune et très droitier Sebastian Kurz rappelle celle du président français. Face à lui, l'extrême droite

Sebastian Kurz, ministre des Affaires étrangères à l'ascension fulgurante, a réussi son pari fou: en une semaine, il a pris la tête du parti conservateur (ÖVP) et enterré la coalition moribonde que son parti formait avec les sociaux-démocrates (SPÖ), en obtenant la tenue d'élections législatives anticipées. Elles se tiendront le 15 octobre 2017, un an plus tôt que prévu.
Des têtes nouvelles
Cette prise de pouvoir à la hussarde intervient un an après l'élimination sèche, dès le premier tour de l'élection présidentielle, des candidats de droite et de gauche. Mais la victoire de l'ÖVP aux prochaines législatives est loin d'être acquise: Sebastian Kurz, tenant d'une droite dure, soupçonné parfois de flirter avec le populisme, parviendra-t-il à séduire les électeurs acquis à la gauche, aux écologistes et à l'extrême droite?
Pour y parvenir, il va présenter sa propre liste de candidats, des têtes nouvelles issues notamment de la société civile. L'ÖVP va se transformer en «un parti hybride, mélange d'organisation classique et de plate-forme ouverte», analyse le politologue Fritz Plasser.
«Mais il s'agit là d'un jeu risqué», selon le politologue Peter Filzmaier, qui souligne que «Sebastian Kurz n'est pas Emmanuel Macron». Pas question en effet de créer un parti ex nihilo, tant il a besoin des 57 millions d'euros de l'ÖVP.
En attendant, son parti est désormais crédité de 35% des voix, selon un sondage publié dans le quotidien Österreich vendredi 19 mai. Loin devant le parti d'extrême droite FPÖ (26%), qui caracolait pourtant en tête des sondages depuis des mois, et les sociaux-démocrates (20%).
L'étoffe d'un chancelier
Sur les réseaux sociaux, un photomontage représente déjà Sebastian Kurz en chancelier, vêtu du grand uniforme rouge et blanc de l'empereur François-Joseph.

Agé de seulement 30 ans, sourire Colgate, cheveux gominés et 500'000 amis sur Facebook, Sebastian Kurz tente d'incarner le renouveau. Celui que les médias locaux appelaient «Milchbubi» (le p'tit jeune) à ses débuts est désormais l'«homme politique autrichien le plus intéressant depuis longtemps», selon l'hebdomadaire Profil.
L'ultradroite en embuscade
Mais si le soufflé retombe, il est fort probable que la petite république alpine soit dirigée par une nouvelle coalition, faisant la part belle à l'extrême droite. Et cette fois, pas question de laisser filer la Chancellerie. Le souvenir de l'échec de Jörg Haider en 1999 est encore dans toutes les mémoires. «L'Autriche peut compter sur moi!» répète volontiers l'actuel chef du parti, Heinz-Christian Strache, lui qui a fait sien ce slogan: «Le FPÖ, sinon rien ne changera jamais». Las, il n'est dorénavant plus le seul à incarner la rupture et le renouveau, chers au cœur des Autrichiens.
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