En Espagne, Vox attend la consécration des urnes
Pour la première fois depuis la mort du dictateur Franco, l'extrême droite devrait entrer au parlement dimanche.

«Nous sommes un parti de courageux et nous allons déloger du pouvoir ceux qui piétinent le drapeau espagnol!» Ce mardi soir, dans les arènes de Las Rozas, une banlieue résidentielle de Madrid, Le parti d'extrême-droite Vox est le meeting. L'enceinte est pleine à craquer et les orateurs se succèdent jusqu'à l'entrée triomphale du leader de la formation, Santiago Abascal. Depuis la tribune, il tempête contre des dirigeants des principaux partis politiques, rebaptisés «Les quatre cavaliers de l'apocalypse nationale».
À quelques jours des élections législatives qui se célébreront dimanche, le parti d'extrême-droite agite le spectre d'une Espagne assiégée, menacée par les séparatistes catalans, les immigrés clandestins et les islamistes ainsi que par les féministes radicales et «tous les progressistes qui prétendent détruire les ciments de ce pays».
Les sondeurs incertains
À Las Rozas comme lors de chacun de ses meetings, Vox fait salle comble et les instituts de sondages peinent à calibrer le phénomène. Ils n'avaient pas détecté son entrée en scène fracassante, avec 11% des voix, lors des élections régionales andalouses de décembre 2018. Cette fois les analystes pronostiquent 12,5%, mais ils avertissent de la possibilité d'un vote occulte, alors que près d'un quart des électeurs s'avoue encore indécis, et dirigeants de Vox comptent bien créer la surprise dimanche.
Les derniers sondages esquissent un scénario ouvert. Ils donnent avantage à la liste du président sortant, le candidat socialiste Pedro Sanchez, dont la liste est créditée de 28% des suffrages, ce qui signifie qu'il pourrait avoir suffisamment de marge pour monter un gouvernement de coalition à gauche. Mais ils n'excluent pas la perspective d'une triple alliance à droite, entre le PP (droite), Ciudadanos (centre-droit) et Vox.
Rien n'est fait encore et ce mardi soir, ceux qui sont venus assister au meeting de Vox veulent croire au grand sursaut national pour en finir avec «la petite droite trouillarde» et «la dictature des progressistes». L'enceinte des arènes déborde de drapeaux espagnols et la sono diffuse en boucle «Que viva España!». La foule est venue applaudir «un parti qui dit enfin les choses clairement, sans avoir peur du politiquement correct», selon Guillermo, ingénieur mécanicien de 25 ans.
«Ils sont les seuls à être prêts à affronter les problèmes du pays pendant que les autres préfèrent regarder ailleurs», affirme Anastasia, conductrice d'ambulance venue avec deux amies infirmières. Elle se dit ancienne votante du PP, déçue par le manque de poigne de Mariano Rajoy face au défi séparatiste catalan. «Le PP est une fraude, renchérit Manuel, avocat. On ne va pas les laisser humilier le pays de cette façon. Il faut recentraliser les institutions une bonne fois pour toutes.»
L'apparition de Vox a surpris dans une Espagne qui se croyait vaccinée contre l'extrême droite par quarante ans de dictature, mais la politologue Astrid Barrio, signale que le petit parti n'est pas une nouveauté sinon «une dissidence du Parti populaire», dit-elle. «C'est avec le conflit catalan et la menace d'une rupture de l'Espagne qu'elle a trouvé son meilleur combustible et cela lui permet de séduire des nostalgiques du franquisme comme une jeune génération décidée à en découdre», explique-t-elle.
«Des gens de la vraie droite»
De leur côté, les sympathisants de Vox se décrivent comme «des gens de la vraie droite» et s'étonnent qu'on essaie de coller une étiquette d'extrémiste sur le parti. «Je suis d'une famille catholique et Vox représente nos valeurs, nous sommes contre l'avortement, pour le droit à la vie et nous ne voulons pas de tous ces discours féministes qui criminalisent les hommes», explique Maria, étudiante en ingénierie aérospatiale venue comme volontaire pour préparer le meeting.
«L'important pour nous est de nous affirmer comme la force vive de la droite espagnole et d'en finir avec les discours timorés du PP», affirme Juan, ancien dirigeant d'une multinationale. Et d'avertir: «On ne prendra peut-être pas le gouvernement dimanche, mais nous allons entrer au parlement et nous allons enfin commencer à compter dans ce pays.»
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