Un bivouac sur le glacier 3000En expédition tout près de chez soi
Le Festival du film alpin des Diablerets propose de vivre l’expérience d’une nuit en haute montagne en restant dans le canton de Vaud. Benoît Aymon raconte pourquoi les bivouacs sont si particuliers.

Bivouac. Un mot qui, avec ses consonances nordiques, nous invite au dépaysement, mais aussi à une certaine forme de minimalisme. Loin du camping – ou du très branché «glamping», la version luxueuse de la tente ou de la caravane – le bivouac est un « campement léger que les alpinistes installent dans la montagne pour passer la nuit», selon la définition du Larousse.
Campement fantasmé
«C’est quand on part sur une expédition au long cours dans des contrées éloignées et qu’on emporte sa maison sur le dos, comme un escargot», sourit Benoît Aymon, directeur artistique du Festival du film alpin des Diablerets (FIFAD), dont l’édition 2022 est agendée du 13 au 20 août. Le féru de montagne en a connu des bivouacs dans sa vie. Des installations basiques censées protéger l’humain des éléments, le temps qu’il reprenne des forces. Un campement fantasmé par celles et ceux plus habitués à rester en plaine. Enfin, jusqu’à la mi-août prochaine…
«Nous avons pensé à toutes ces personnes qui rêvent de passer une nuit en bivouac mais qui, par la force des choses, ont dû se contenter de planter leur tente dans leur jardin, reprend-il. Mais en altitude, tout est différent. La température est différente, les bruits sont différents. C’est une expérience unique.»
«On veut qu’ils profitent du moment présent, unique, et surtout qu’ils aient envie de recommencer.»
Une expérience que le FIFAD a décidé de mettre à la portée de 24 alpinistes en herbe, le temps de deux nuits magiques en août, sur le glacier 3000. «Ce n’est pas l’Himalaya, mais c’est déjà la montagne, avertit Benoît Aymon. Le but de l’expérience est d’apprendre à ces gens l’art de l’anticipation, de l’observation, de les encourager à faire le tri entre le nécessaire et le superflu pour s’alourdir le moins possible. On veut qu’ils profitent du moment présent, unique, et surtout qu’ils aient envie de recommencer.»
Dans les faits, deux groupes de 12 personnes seront escortés par un guide sur les hauteurs des Diablerets jusqu’au campement. «On leur apprendra à observer leur environnement, à faire attention aux crevasses, bref à lire aussi bien la carte que la montagne, décrit Benoît Aymon en fin pédagogue. On leur enseignera à anticiper le vent, les conditions météorologiques. Comme disait un des meilleurs alpinistes mondiaux, un des frères Anthamatten «l’alpinisme, c’est pas du golf. La montagne, ça ne s’improvise pas!»
Ne laisser aucune trace
Il sera aussi question de laisser le lieu tel qu’ils l’ont trouvé. «On les rendra attentifs à l’importance de ne laisser aucune trace. Nous monterons d’ailleurs des toilettes sèches sur le bivouac.» Et cet amoureux des sommets d’enchaîner avec énervement sur les alpinistes fauchés qui, avant que cela ne soit réglementé, ont fait n’importe quoi en contrebas du Refuge des Cosmiques dans le massif du Mont-Blanc, transformant ces dernières années toute la zone en une décharge à ciel ouvert.
Une fois en haut, place à l’installation, mais aussi à des échanges privilégiés entre compagnons d’un soir. «Le repas sera fait de nourriture de bivouac, simple, légère et rassasiante, par contre pas question de faire l’impasse sur l’apéro, rigole l’ancien présentateur de «Passe-moi les jumelles». Là, on ne parle pas de superflu, mais d’essentiel!»
Si la soirée en altitude sera ponctuée – festival du film oblige – par au moins une projection («N-Ice Cello», un film américain complètement fou où les protagonistes se mettent en tête de construire un violoncelle de glace puis d’en jouer… à Palerme!), le reste du programme est inconnu. «C’est une sorte de méditation collective, où on n’attend rien, décrit Benoît Aymon. On ne sait pas ce qui va se passer, mais on sait qu’il se passera quelque chose. Le hasard est un acteur de l’invisible et au final, c’est la montagne qui décide.»
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