Réforme des retraites en FranceLes syndicats annoncent une 10e journée de mobilisation le 28 mars
La 9e journée de mobilisation est marquée par un net rebond de la participation avec 1,08 million de manifestants en France, dont 119 000 à Paris.
Les syndicats ont annoncé jeudi une dixième journée de grèves et de manifestation, le 28 mars, et des rassemblements syndicaux de proximité ce week-end, pour protester contre la réforme des retraites.
«Alors que l’exécutif cherche à tourner la page, ce mouvement social et syndical pérenne et responsable confirme la détermination du monde du travail et de la jeunesse à obtenir le retrait de la réforme», ont-ils affirmé à l’issue d’une neuvième journée de mobilisations qui a réuni selon eux «plus de trois millions de manifestants».
Un total de 1,089 million de manifestants a manifesté jeudi en France, dont 119.000 à Paris, pour la neuvième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, marquée par un net rebond de la participation, selon les chiffres du Ministère de l’intérieur.
Selon le décompte du cabinet Occurrence effectué pour un collectif de médias, dont l’AFP, 83 000 personnes ont manifesté à Paris. La CGT dénombre elle 800 000 manifestants dans la capitale.
Quelque 800 000 personnes manifestaient jeudi à Paris pour la neuvième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, a annoncé la CGT à l’AFP, alors que le chiffre des autorités n’était pas immédiatement disponible.
Des violences ont éclaté en tête de la manifestation contre la réforme des retraites jeudi à Paris, où plusieurs centaines d’éléments radicaux vêtus de noir ont brisé des vitrines et du mobilier urbain, ont constaté des journalistes de l’AFP.
À ce stade 123 gendarmes et policiers ont été blessés en France jeudi lors de la 9e journée de mobilisation contre la réforme des retraites marquée par de nombreuses violences, et plus de 80 personnes ont été interpellées, a indiqué le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin.
Le ministre a ajouté dans un tweet qu’il se rendrait dans la soirée à la préfecture de police de Paris, pour «suivre la situation et remercier les agents», a indiqué à l’AFP son entourage. De nombreux incidents étaient toujours en cours jeudi soir à Paris, après la fin de la manifestation.
Une nouvelle enquête a été ouverte à Paris pour violences par personne dépositaire de l’autorité publique, après la plainte d’une femme qui a reçu un coup de matraque lors d’un rassemblement contre la réforme des retraites lundi, a indiqué jeudi une source proche du dossier.
Peu avant 17H00, 14 personnes avaient été interpellées, principalement pour port d’armes prohibées et participation à un groupement en vue de commettre des dégradations et violence, selon la préfecture de police.
«Environ un millier» d’éléments radicaux sont présents dans la manifestation, a précisé la préfecture, ajoutant que les incidents sont localisés «dans le précortège», le cortège syndical progressant «normalement».
C’est le chiffre le plus élevé avancé par le syndicat depuis le début du mouvement, le précédent record dans la capitale remontant au 7 mars, avec 700 000 manifestants, selon la CGT (81 000, selon la préfecture).
À Nantes, des manifestants se sont introduits dans le tribunal administratif saccageant l’accueil et brisant vitres et portes, a constaté l’AFP. Les pompiers ont rapidement éteint un départ de feu dans une salle d’audience.
À Lorient la manifestation a été marquée par des troubles inédits, le commissariat de la ville et les forces de l’ordre ayant été pris pour cibles par des manifestants, en grande partie des jeunes au visage dissimulé.
Des vitres du bâtiment, voisin de la sous-préfecture, ont été cassées par des jets de projectiles et des feux allumés contre le portail, avant que les gendarmes n’interviennent pour disperser la foule, a constaté un correspondant de l’AFP.
«Inacceptables attaques et dégradations contre la sous-préfecture et le commissariat de Lorient. Pensées aux fonctionnaires blessés. Ces actes ne peuvent rester impunis», a réagi sur Twitter le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
À Rennes, le syndicat Force Ouvrière a annoncé 35 000 participants, 22 200 selon la préfecture. Les premiers heurts ont éclaté entre jeunes masqués et encapuchonnés, qui s’étaient postés en amont de la tête du cortège, et l’imposant dispositif policier.
Des tirs de grenades lacrymogènes ont répondu aux jets de projectiles et feux de poubelles, plongeant le cortège de l’intersyndicale, pris en étau, dans un épais nuage de fumée âcre, selon un journaliste de l’AFP.
Selon un bilan provisoire de la préfecture d’Ille-et-Vilaine, un manifestant de 41 ans a subi un traumatisme au genou, trois membres des forces de l’ordre ont été «impactés par des jets de projectiles» et quatre personnes ont été interpellées.
Elisabeth Borne a jugé jeudi soir «inacceptables» les «violences et dégradations» dans les manifestations contre la réforme des retraites, qui ont connu un regain de tensions dans plusieurs villes.
«Manifester et faire entendre des désaccords est un droit. Les violences et dégradations auxquelles nous avons assisté aujourd’hui sont inacceptables», a écrit sur Twitter la Première ministre, qui exprime «toute (sa) reconnaissance aux forces de l’ordre et de secours mobilisées».
Appel au calme
Le secrétaire général de la CFDT a appelé jeudi «au respect des biens et des personnes, à la non-violence», à l’occasion de la neuvième journée de manifestation contre la réforme des retraites, marquée selon lui par un «regain de mobilisation».
«Jusqu’au bout il va falloir garder l’opinion, c’est notre pépite», et pour cela «il faut des actions non violentes, qui n’handicapent pas le quotidien des citoyens», a expliqué Laurent Berger peu avant le départ du cortège parisien.
Des manifestations émaillées d’échauffourées ont lieu chaque soir à Paris et dans plusieurs grandes villes de France depuis l’adoption au forceps du projet de loi la semaine dernière, à l’aide de l’arme constitutionnelle du 49.3.
La prise de parole d’Emmanuel Macron mercredi n’a pas apaisé les esprits. Au contraire, «il a jeté un bidon d’essence sur le feu», a estimé le numéro un de la CGT, Philippe Martinez, également dans le cortège, rappelant que les syndicats avaient écrit au chef de l’État pour l’alerter sur la «situation explosive» du pays.
Le leader communiste Fabien Roussel a appelé jeudi, lors de la manifestation parisienne contre la réforme des retraites, à «tout faire pour bloquer l’outil de travail» et «mettre le pays à l’arrêt».
Blocage total ou partiel
Le syndicat étudiant L’Alternative comptabilisait quelque 80 écoles et universités mobilisées en France, dont une soixantaine bloquée au moins partiellement ou occupés.
À Paris, l’accès à plusieurs lycées était barré par des jeunes, souvent juchés sur des poubelles, notamment à Louis-le-Grand (Ve arrondissement), Rodin (XIIe), Jules Ferry (IXe), Racine (VIIIe), Bergson ou Brassens (XIXe).
Contacté par l’AFP, le ministère de l’Éducation nationale faisait état jeudi midi de «77 incidents dans les lycées en France: 27 blocages, 37 blocages filtrants, neuf tentatives de blocages et quatre autres formes de perturbation telles que des rassemblements ou une coupure de courant localisée sur un établissement».
Au lycée Rodin, une centaine de jeunes organisaient un barrage filtrant devant les grilles, où sont accrochées des pancartes «Température ambiante: 49.3 C» ou «L’eau bout à 100 degrés, le peuple à 49.3».
La fac de droit d’Assas, à Paris, était notamment bloquée pour la première fois depuis le début du mouvement sur les retraites, avec une centaine d’étudiants présents devant une banderole «Grève générale, Assas la rouge», a constaté l’AFP.
Sur tout l’hexagone
À Marseille, un rassemblement s’est tenu sur le parvis du lycée Thiers (centre-ville) et les accès à la fac Saint-Charles sont bloqués. «Il y a beaucoup de colère, en raison aussi de la garde à vue d’étudiants et de la répression policière», témoigne Grégoire, étudiant en informatique.
À Lyon, la direction de l’École normale supérieure (ENS) a annoncé l’annulation des cours après le blocage de l’accès à deux sites.
À Toulouse, l’entrée de l’Université de Toulouse-Mirail était elle aussi bloquée, selon des étudiants sur place, tout comme Sciences Po Toulouse, l’école d’ingénieurs Insa et le lycée Saint-Sernin (centre-ville). Les deux autres facs de la ville fonctionnent en revanche – malgré un vote d’étudiants en AG la veille – en raison d’un nombre insuffisant d’étudiants mobilisés.
À Rennes, plusieurs lycées étaient bloqués et les cours suspendus à l’Université de Rennes-2, fer de lance de la contestation.
SNCF: 25% de grévistes à midi
Le taux provisoire de grévistes atteignait 25% jeudi midi à la SNCF pour la neuvième journée de mobilisation contre la réforme des retraites, selon une source syndicale qui évoque une participation moindre qu’au début du mouvement mais qui reprend de la vigueur.
Dans le détail, on compte 56% de grévistes chez les conducteurs, 39% chez les contrôleurs, 26,5% chez les aiguilleurs, 31% au matériel et 14% chez les cadres, a-t-elle précisé.
AFP/ATS/MWE
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