Parader dans la rue avec la tête de son épouse à la main et le sourire aux lèvres, c’est pas bien. Un Iranien l’a appris à ses dépens pour des faits qui se sont déroulés le 5 février 2022. La victime, âgée de 17 ans, en avait 12 le jour de son mariage avec son cousin, et 14 lorsqu’elle est devenue mère.
Retour à Ahwaz, dans le sud de l’Iran, quelques semaines avant le meurtre. Ça fait longtemps que Mona a arrêté de compter les coups de Sajjad, son mari. Désemparée, l’adolescente demande à plusieurs reprises à divorcer. En vain. Sa famille la persuade chaque fois de rentrer chez elle et de continuer à vivre avec son tortionnaire… pour le bien de son enfant. Jusqu’au jour où elle décide de fuir en Turquie pour échapper à cet enfer. Pas facile de se retrouver seule et sans ressources dans un pays étranger. Son frère lui garantit que si elle rentre, elle sera en sécurité. Façon de parler.
«En Iran, il y a des crimes bien plus graves que de couper la tête de sa femme.»
Peu de temps après son retour, son conjoint et son beau-frère se précipitent sur elle, lui attachent les mains et les pieds, et la décapitent. Son corps est enveloppé dans une couverture puis jeté, comme un vieux sac d’ordures. Sajjad exhibe fièrement son couteau et son «trophée» en ville et disparaît. Les deux hommes ne seront interpellés que deux jours plus tard.
Le mari, reconnu coupable de «crime d’honneur», a finalement été condamné à 8 ans de prison, a annoncé la justice iranienne le 18 janvier dernier. Bug judiciaire? Non, particularité de la charia qui offre la possibilité de pardonner au meurtrier. Ce qu’ont fait les parents de Mona, tout en précisant qu’ils n’avaient toutefois pas donné leur consentement à cet acte barbare, ont expliqué les magistrats pour justifier la clémence de ce verdict. Quant au complice du massacre, il a écopé de quatre ans. Une broutille. Mais il faut rappeler qu’en Iran, il y a des crimes bien plus graves que de couper la tête de sa femme.
Prenons le cas de Mojgan Keshavarz, condamnée en 2019 à plus de 23 ans d’emprisonnement pour s’être opposée au port du voile obligatoire. Selon les juges, cette mère d’une fillette de 12 ans s’est également rendue coupable de «corruption sur terre», ont-ils annoncé ce même 18 janvier. Une accusation (fourre-tout) considérée comme gravissime par les enturbannés, qui la brandissent à tour de bras depuis le début du mouvement de contestation et pour laquelle cette femme risque désormais la peine de mort.
Pendaison pour les contestataires
Ou celui de Shahla Abdi, une Kurde iranienne âgée d’une vingtaine d’années et enceinte de quatre mois, dont la sentence est tombée ce mercredi. Pas de pardon pour celle qui a osé brûler un portrait de l’ayatollah Khomeyni, le père fondateur de la République islamique. Son exécution serait imminente.
Pas de pitié non plus pour Mohsen Shekari, Majidreza Rahnavard, Mohammad Mehdi Karami et Seyed Mohammad Hosseini, tous pendus pour avoir participé aux manifestations. C’est dire si les mollahs ont d’autres chats à fouetter en ce moment.
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La rédaction – En Iran, mieux vaut décapiter sa femme que manifester
Au pays des mollahs, on pardonne les crimes d’honneur, pas la contestation.