En solitaire entre l'Alaska et la vallée de Joux
Nicolas Reymond passe six mois par an seul dans le Grand Nord. Le portrait de cet ermite solaire fait la clôture du Festival du film alpin.

«Quand le Grand Nord vous prend, il ne vous lâche plus.» Qu'est-ce qui pousse un homme à passer six mois par an dans une cabane, seul au fin fond de l'Alaska? La réponse de Nicolas Reymond est là, toute simple. Ce natif de la vallée de Joux est au centre du documentaire projeté samedi en clôture du Festival international du film alpin des Diablerets (FIFAD). On y découvre une personnalité attachante et rare, guide montagne, rêveur solitaire et fustier de son état.
Un fustier, c'est quoi? Cette question suffit à faire jaillir l'étincelle dans un regard qui, assurément, a l'allumage facile. Le film du réalisateur Mathieu Wenger s'appelle Passion Alaska, et résume bien ce qui anime Nicolas Reymond. Une fascination qui trouve ses origines il y a 35 ans, lorsque le jeune charpentier découvre cette contrée sauvage. «Ça a été le coup de foudre!» Et surtout, la rencontre qui a changé sa vie, lui faisant découvrir la construction de cabanes en rondins, savant assemblage de poutres qui est au cœur du savoir-faire du fustier. «Ça a été un déclic. C'était ce que je voulais faire», se souvient-il.
Difficile, pourtant, de s'établir aux Etats-Unis. Les fustiers, ce n'est pas ce qui manque et les permis de travail ne tombent pas du ciel. Nicolas Reymond se fait donc expert de cette technique en Suisse et entame avec l'Alaska une liaison faite d'allers-retours. Une longue quête commence: quinze ans pour trouver un terrain où construire sa propre cabane de rondins et vivre là-bas l'existence qui est faite pour lui.
Dans Passion Alaska, c'est le directeur du FIFAD, Jean-Philippe Rapp, qui coiffe la casquette du journaliste pour débusquer Nicolas Reymond dans son univers. Pour s'y rendre, un train hebdomadaire laisse le visiteur au milieu de la forêt, avec plusieurs heures de marche devant lui avant d'atteindre son but. Dans ce paradis boréal, il raconte le travail colossal d'un homme pour bâtir, seul ou presque, la cabane qui est son refuge depuis un peu plus de dix ans maintenant.
Nicolas Reymond fuit-il la civilisation? Solaire, passionné, chaleureux, il le dément avec la moitié de son âme. L'autre moitié, peut-être la meilleure, rêve d'autre chose qu'une existence trop loin de la nature, pas assez proche de l'essentiel, même dans sa belle vallée de Joux: «Revenir me ramène à une vie totalement différente, absolument structurée. On n'a pas le droit de flancher, flâner ou ralentir. Ou alors on peut, mais on ne va pas loin.»
Sur la pellicule, les flâneries de cet ermite nous emmènent au cœur d'une nature époustouflante, où les rois sont les ours, les élans et les caribous. C'est pour eux qu'il s'est laissé convaincre de sortir de sa réserve. Pour donner l'alerte: «Désormais, même un espace sauvage comme celui-là subit une pression énorme de la part des hommes.» En quelques décennies, l'appétit des touristes et des chasseurs a été dopé par les avancées technologiques. Et tout récemment, la législation locale a réintroduit la chasse aux grands prédateurs. «Avec leurs motoneiges surpuissantes, les trappeurs du dimanche peuvent aller partout et tirer sur tout ce qui bouge. Ils ne viennent que pour tuer», s'alarme-t-il.
Si Nicolas Reymond a jamais visé un ours, c'est avec l'objectif de sa propre caméra. Ses images sont d'ailleurs reprises dans le film et sont l'ode d'un pionnier habité d'un profond respect pour les animaux. Il en appelle aux hommes pour qu'ils n'oublient jamais qu'ils ont leur place dans la nature, mais qu'ils n'en sont pas les maîtres.
Passion Alaska, Sa à 14 h à la Maison des Congrès des Diablerets
Cet article a été automatiquement importé de notre ancien système de gestion de contenu vers notre nouveau site web. Il est possible qu'il comporte quelques erreurs de mise en page. Veuillez nous signaler toute erreur à community-feedback@tamedia.ch. Nous vous remercions de votre compréhension et votre collaboration.