Il faut accélérer la transition énergétique. Parce que l’Ukraine, le risque de pénurie, l’avenir ou le climat. Un refrain qui résonne depuis l’an passé afin de décrocher des solutions facilitées pour le renouvelable – les barrages et le solaire en tête - au grand dam des défenseurs du paysage et des biotopes. Manquait l’éolien. Les partisans des moulins du ciel pourront peut-être rattraper leur retard en s’engouffrant dans une loi urgente destinée aux barrages.
L’idée? Que les projets en cours déjà au bénéfice d’un plan d’affectation soient immédiatement constructibles, sans nouveau recours, le temps d’arriver à 1 TWh de production au niveau suisse. En bref: se borner à une seule étape de procédure valant permis de construire, évitant deux passages devant les tribunaux.
C’est ce qu’a essayé de faire le Canton de Vaud il y a exactement vingt ans, en lançant son premier projet éolien, celui de Sainte-Croix. Il s’agissait alors de passer par un plan d’affectation cantonal, couplé avec un permis de construire. Un pionnier, destiné à tracer le chemin pour les suivants. Une seule étape, pour aller plus vite.
Il a fallu vingt ans, pour que le premier parc éolien vaudois plante son premier coup de pioche.
À ce jour, la majorité des projets a toutefois opté pour la voie «classique» passant par un plan d’affectation puis un permis de construire, sans profiter de l’étape unique, rendue possible par la loi cantonale sur l’aménagement du territoire. La célèbre «LAT» modifiée en 2018. Parce que face à la jungle des jurisprudences et des doutes à défricher, les sociétés privées, vraies porteuses de la transition énergétique, ont laissé juges et opposants ferrailler en première instance, espérant installer leur machine plus tard, face à un ciel dégagé. Tandis que d’autres ont choisi de tenter le coup de la procédure unique, prenant des années de retard pour consolider leur dossier.
Le système même s’est bâti sur cette mécanique, permettant de limiter les risques et de choisir ensuite ses éoliennes. Les machines de Lausanne, Beau Coster ou du Mollendruz devront ainsi affiner leurs mesures vis-à-vis des oiseaux au moment du permis de construire, partant du curieux principe que l’impact sur l’environnement sera légalement tolérable, plus tard.
Revoir les procédures fédérales, en urgence ou non, permettra peut-être d’accélérer la construction d’une nouvelle génération de projets, encore dans les cartons. On se rendra alors compte que les éoliennes auraient sans doute été plus facilement acceptées, si celles et ceux qui veulent les planter coûte que coûte n’avaient pas joué aux apprentis sorciers.
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Éditorial – En «urgence», les éoliennes reculent de vingt ans
La solution du lobby éolien suisse pour accélérer les procédures existe déjà. On a vu le résultat.