En Valais, Lonza aurait mal mesuré son mercure
Quelque cent parcelles écartées de la liste des sites pollués doivent être réexaminées. La question fait débat jusqu'à Berne

Voilà trois ans que la question du mercure pollue la vie de propriétaires valaisans. Ils sont loin d'être tirés d'affaire: le 21 février, ceux-ci ont été informés via un courrier de l'Etat du Valais qu'une centaine de parcelles de Viège et de Rarogne devaient être soumises à de nouveaux tests. Elles avaient pourtant été écartées de la liste des terres à assainir. «Un rapport d'experts remis au Service de la protection de l'environnement (SPE) le 10 février 2017 démontre que certaines parcelles présentent le risque d'être affectées localement par une pollution des sols dépassant la limite autorisée de 2 mg par kilogramme», précise la missive de l'Etat. Si les autorités valaisannes doivent se remettre à la tâche, c'est parce que le travail de Lonza, l'entreprise responsable de la pollution et chargée de l'assainissement des terrains, a été pointé du doigt. Le WWF ainsi que l'association des Médecins en faveur de l'Environnement (MfE) ont lancé l'alerte, dénonçant des analyses qui n'auraient pas été effectuées «suffisamment sérieusement». «Nous avons procédé à nos propres analyses en avril 2015 sur une parcelle classée dans la liste des terrains n'ayant pas besoin d'être assainis, soit dont les valeurs de pollution au mercure oscillent entre 0,5 et 2 mg, explique Martin Forter, directeur des MfE. Or, nous avons découvert sur une même parcelle des taux oscillant entre 1,27 et… 58,9 mg.»
Les conclusions des MfE sont sévères: non seulement Lonza ne peut pas garantir que les jardins qu'elle désigne comme «ne nécessitant pas d'assainissement» le sont réellement, mais il faut désormais partir du principe que ceux où du mercure a été décelé comportent des valeurs au-dessus de la norme. «C'est fâcheux: Lonza, «leader mondial dans les sciences de la vie» autoproclamé, n'était pas en mesure ces trois dernières années de relever de manière fiable la pollution au mercure autour de Viège et de Rarogne», soulignent les MfE.
Les MfE ont signalé le problème en 2015 déjà. Il se situe dans la méthode de prélèvement des échantillons, explique Martin Forter. La pollution au mercure contamine les terrains de manière très hétérogène. Ainsi un terrain peut, à quelques mètres d'intervalle, contenir des valeurs variant du plancher au plafond.
Les autorités valaisannes ainsi que Lonza ont donc suivi les recommandations de méthode d'analyse des MfE, et sont parvenus aux mêmes conclusions. Pour Martin Forter, on va désormais dans la bonne direction. Il recommande dès lors deux mesures pour rectifier le tir: soit Lonza réanalyse plus intensivement la centaine de parcelles qu'elle a écartées des terrains à assainir, soit elle rehausse son niveau de sécurité. Cela signifierait qu'elle nettoie également les terrains présentant une teneur en mercure de 0,5 mg ou de 1 mg (variable suivant le procédé de mesure).
La question du mercure fait également débat à Berne, à nouveau pour des questions de mesures. Le conseiller aux Etats Beat Rieder (PDC/VS), soutenu par le conseiller national Mathias Reynard (PS/VS), souhaite relever la limite de la concentration de mercure qui entraîne l'inscription d'une parcelle de terrain au cadastre des sites pollués. Une concentration variant entre 0,5 et 2 mg n'est en effet pas considérée comme dangereuse pour la santé. Le terrain n'est donc pas assaini mais il est classé dans la liste des terres polluées. «Non seulement cette distinction entraîne une bureaucratie aussi coûteuse qu'inutile, mais elle fait perdre considérablement de valeur au terrain concerné, souligne Mathias Reynard. Or, la législation actuelle ne prévoit aucune indemnisation, et le propriétaire est abandonné à lui-même.» Le Conseil des Etats en débat le 15 mars.
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