Selon les derniers sondages, une majorité de la population suisse est d’avis que les énergies renouvelables sont le futur de notre approvisionnement électrique. Elles n’émettent pas de CO2 lors de leur fonctionnement, elles sont garantes d’un approvisionnement sûr, même en temps géopolitiques incertains, et leurs coûts opérationnels sont très faibles.
Mais alors pourquoi le déploiement de ces énergies renouvelables n’est-il pas plus avancé? Entre les années 1945 et 1965 environ, soit en 20 ans, la Suisse a connu un boom des constructions de centrales hydrauliques et a triplé sa production d’électricité hydraulique. Puis, ce sont les centrales nucléaires qui ont pris le relais, jusqu’en 1984. Mais depuis 1984, la seule grande infrastructure qui a vu le jour est la centrale de pompage-turbinage du Nant de Drance, qui a été inaugurée… en 2022.
«De simples consommateurs, les propriétaires deviennent tous des potentiels producteurs d’électricité»
Autrement dit, en près de 40 ans, les investissements de la Suisse dans les infrastructures énergétiques vitales pour notre pays ont été massivement réduits et sont totalement incomparables avec ce que nos aînés avaient accompli en leur temps.
Les raisons de ces défauts d’investissement peuvent être trouvées dans plusieurs facteurs: libéralisation partielle du marché de l’électricité en 2009, avec pour conséquence des investissements moins bien garantis à long terme, accident nucléaire de Fukushima et la décision de sortir du nucléaire, surcapacité de production allemande qui s‘est traduite par une exportation à des prix de dumping.
Nouveaux modèles économiques
Mais quelle que soit la cause du ralentissement dans la construction de grandes centrales, ce qui est clair, c’est que si nous voulons garantir notre approvisionnement électrique, le développement des énergies renouvelables sera essentiel, et nous ne pourrons pas le faire qu’avec des projets d’envergure. Il y aura une multiplication de plus petites centrales (photovoltaïques, éoliennes…).
Ceci revient à devoir accepter un changement de paradigme: de simples consommateurs, les propriétaires deviennent tous des potentiels producteurs d’électricité. Et ce changement ne va pas de soi. Il faut des nouveaux modèles économiques. Mais aussi une adaptation du réseau, des voies de recours modifiées, tout en garantissant les droits démocratiques et des procédures d’autorisation simplifiées.
Il faudra également s’habituer à la présence d’installations de production d’électricité dans nos communes, et pas seulement de barrages loin des yeux. Alors oui, le changement de paradigme est important, mais la Suisse a les moyens d’agir. Agissons donc, afin que nos enfants puissent, eux aussi, regarder en arrière et être fiers de leurs aînés! Et pour paraphraser Kennedy: «Ne demandez pas ce que le pays peut faire pour votre approvisionnement, mais ce que vous pouvez faire pour l’approvisionnement du pays!»
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L’invitée – Énergies renouvelables: pourquoi une telle lenteur?
En près de 40 ans, les investissements de la Suisse dans les infrastructures énergétiques ont été massivement réduits, souligne Céline Weber.