Deux enfants d’un djihadiste suisse ont pu quitter l’enfer syrien et rejoindre l’Europe. Pas pour la Suisse, mais pour la Belgique, d’où vient leur mère. Sabri, 5 ans, et Aïcha, 4 ans, sont pour l’instant placés en famille d’accueil et leur mère est en prison pour de longues années. Leur père, un Vaudois d’Orbe, est quant à lui toujours détenu par les forces kurdes.
À notre connaissance, il reste quatre enfants suisses dans les camps d’internement en Syrie. Dont deux Genevoises de 15 et 9 ans. Elles ont quitté Genève en 2016, entraînées malgré elles dans l’aventure insensée de leur mère partie rejoindre l’organisation État islamique. La plus grande a été arrachée de l’école. La petite devait faire sa première rentrée des classes.
Quel enfant laisserait dépérir sa maman dans un camp d’internement?
Aujourd’hui, après cinq ans dans des conditions épouvantables, elles auraient la possibilité de rentrer en Suisse sans leur mère. Mais quel enfant laisserait dépérir sa maman dans un camp d’internement? Elles refusent, évidemment. Le seul fait de les placer devant ce choix est d’une cruauté insupportable.
Cette politique inhumaine a été avalisée par le Conseil fédéral il y a deux ans et demi. Portée par la ministre de la Justice et Police Karin Keller-Sutter. La majorité de nos sept Sages a préféré la lâcheté de ne pas affronter l’opinion publique: hors de question de faire rentrer en Suisse les adultes ayant rejoint l’organisation terroriste. Quand bien même on pourrait les condamner et les mettre en prison.
Le premier ministre belge Alexander De Croo, lui, a finalement accepté que les mères devaient également être ramenées au pays. L’argument étant aussi d’éviter que ces enfants ne deviennent des djihadistes à leur tour. Les premiers retours ont déjà eu lieu et il y en aura certainement d’autres.
Mais la Suisse, berceau de la tradition humanitaire, préfère attendre.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Éditorial – Entre cruauté et tradition humanitaire, la Suisse a choisi
Une fillette de 4 ans et un garçon de 5 ans dont le père vaudois a rallié l’organisation État islamique ont été rapatriés en Europe. Mais ce n’est pas grâce à la Suisse, qui préfère attendre.