Musique classiqueEstelle Revaz ou l’étincelle pour tout reconstruire
La violoncelliste joue enfin des concerts reportés depuis 2020 et se bat toujours pour sauver la scène musicale.

Un feu d’artifice. C’est ce qu’Estelle Revaz s’apprête à vivre au cours d’un mois de février flamboyant, en jouant pas moins de cinq concertos pour violoncelle avec l’Orchestre de chambre de Genève lors de trois concerts à Lausanne, Genève et au Noirmont. Aux concerts de Montbenon (je 3) et dans le Jura (di 27), elle enchaîne les trois opus majeurs de Carl Philipp Emanuel Bach, tandis qu’au Victoria Hall (ve 11), elle joue Frank Martin et assure la création publique du concerto que Xavier Dayer a composé pour elle, «Lignes d’Est».
Mais pour la violoncelliste d’origine valaisanne, ce feu d’artifice est un peu trompeur: «Ce seront des moments très gratifiants et inspirants qui donnent l’impression de s’envoler. Mais ils sont aussi psychologiquement étranges, car ce sont tous des reports, des projets qui montraient combien j’étais sur une dynamique positive avant la pandémie. Je vais revivre ce parfum d’avant tout en sachant que je ne retrouverai pas pareille intensité de sitôt.»
«Je ne lâche pas car des gens comptent aujourd’hui sur moi, mais l’espoir le plus grand, c’est l’étincelle de vie en chaque artiste.»
Rebondir sans cesse
Les trois concertos de CPE Bach, Estelle Revaz les avait joués une première fois juste avant le confinement aux Concerts Bach de Lutry. «C’est une musique qui célèbre la vie et me remplit de joie. Même avec des passages tempétueux, elle a un effet thérapeutique et chacun des mouvements lents contient des beautés sublimes et inattendues. Les retrouvailles avec le chef Facundo Agudin avec qui j’ai enregistré mon premier disque comptent aussi pour moi. Il a cette créativité permanente pour rebondir sans cesse.»
Pour la jeune soliste indépendante, la reprise s’avère encore précaire, car les organisateurs de concerts sont nombreux à écluser les reports et à avoir réduit leurs activités. «Recontactez-nous en 2024-2025, voilà ce que je reçois souvent comme réponse…» Mais connaissant l’énergie et l’opiniâtreté de celle qui s’est révélée ces derniers mois comme la plus combative des musiciennes auprès des politiques, on sent que son énergie n’est pas encore épuisée: «Je ne lâche pas car des gens comptent aujourd’hui sur moi, mais l’espoir le plus grand, c’est l’étincelle de vie en chaque artiste. Même si elle vacille, il faut en prendre soin. C’est notre plus grand trésor.»
Lausanne, salle Paderewski
Je 3 fév. (20 h)
Rés.: 021 647 92 81
Genève, Victoria Hall
Ve 11 (20 h)www.locg.ch
Le Noirmont, Espace La Velle
Di 27 (17 h)www.musiquedeslumieres.com
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