
La fréquence du train-train d’atterrissage à la chaîne a très nettement diminué, ces derniers jours. À vol d’oiseau, l’aéroport international Hamad n’est pas loin de mon balcon et le chassé-croisé des avions qui décollent et des zincs qui se posent au coude-à-coude a été d’une densité assez folle, durant les deux premières semaines de ce Mondial.
Mais au fur et à mesure des crashs collectifs (Allemagne, Belgique, Danemark), des sorties de piste plus ou moins méritées (Cameroun, Uruguay, Japon) et des cockpits qui piquent du bec (Pologne, Sénégal, Corée), le trafic a pris du plomb dans l’aile. Dans sept matches et une purge pour la 3e place, le monde entier sera rentré à la maison, y compris ceux qui semblent programmés pour planer jusqu’au bout (Brésil, France).
Moteur essentiel
Moteur essentiel de l’expansion, Qatar Airways n’a pourtant pas de mouron à se faire. Lancée en 1994 avec quatre coucous dans son hangar, la compagnie est aujourd’hui leader mondial en la matière, avec une flotte de quelque 250 appareils et 18,5 millions de passagers recensés en 2021, malgré le Covid. Son bilan (pas carbone du tout) sur l’année fiscale 2021-22? Quinze milliards de dollars de chiffre d’affaires pour un bénéfice net de 1,54 milliard.
Personne ne vrombit plus fort à l’altimètre, même pas le rival Emirates, à Dubaï. L’aéroport Hamad, porte d’entrée et de sortie idéale entre Europe et Asie, est devenu le hub par excellence. Financée par le fonds souverain du Qatar, la compagnie nationale avait par exemple pu se permettre, au milieu des années 2000, de commander 80 Airbus A350 pour 16 milliards d’euros, ce avant même qu’un prototype ne soit sorti d’usine. Il avait d’abord été question d’investir dans Boeing, mais quelques coups de fil entre le président Français Nicolas Sarkozy et le palais avaient inversé le cours des choses.
Pirates de l’air
L’essor de Qatar Airways, 50’000 employés au compteur, est en grande partie dû à Akbar al-Baker. Proche de l’ancien premier ministre Hamad bin Jassem et bon pote de Donald Trump, le bonhomme avait reçu en catimini la Légion d’honneur des mains de François Hollande en 2015. Comme quoi, aile gauche et aile droite de la République suivent parfois les mêmes plans de vol – pour ne pas dire piraterie de l’air.
Tout ça pour dire que l’heure est venue de prendre congé de ce Mirage. Mercredi matin, mon avion quittera le tarmacadam de Doha. Je jetterai alors un dernier œil sur mon balcon, le cœur plus ou moins léger et la valise plus ou moins lourde.
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Mirage – Chronique du Qatar – Et on s’envoie en l’air, une dernière fois…
Qatar Airways est la plus grande compagnie du monde. Peu à peu, elle ramène tout le monde à la maison.