C’est un vieux fantasme d’anarchiste: imaginez un orchestre sans chef où chaque musicien jouerait à sa guise sa propre partition. Une cacophonie dont surgirait par enchantement une harmonie spontanée, d’abord chancelante, puis pérenne. Aucune autorité, aucune ligne, aucune direction, mais des oscillations multiples qui s’épousent progressivement pour ne plus se lâcher, dans une communion mystique: la liberté de chacun pour le bonheur de tous. Sacrée utopie.
Imaginez maintenant un orchestre dont le chef s’évertuerait à semer la pagaille, agitant sa baguette dans tous les sens pour diffuser le désordre et alimenter la discorde. Ici, aucun musicien, le plus virtuose des solistes comme le plus acharné des stakhanovistes, ne trouvera jamais la voie de l’harmonie, sapé par une autorité contre-productive. Dans le fond de la salle, les cancres peuvent se planquer, peinards, leur incompétence largement couverte par les gesticulations du Kapellmeister.
«L’équipe ne sait plus si la vérité d’hier sera celle de demain, puisque la vérité de demain est celle d’hier.»
Au FC Sion, on connaît la musique. Ici, l’équipe ne sait plus si la vérité d’hier sera celle de demain, puisque la vérité de demain est celle d’hier: comprenez – si vous suivez – que l’entraîneur qui a commencé la saison est désormais exhorté à la finir. Entretemps, deux autres visions du football se sont bousculées, évidemment sans succès, puisque le propre d’une vision, c’est de voir loin, et qu’à Tourbillon, le panorama s’arrête au bout d’un nez, certes tout à fait (pro)éminent.
Foutu pour foutu, c’est à se demander si on ne tenterait pas de livrer les joueurs à eux-mêmes, façon vieux fantasme d’anarchiste. Aucun coach, aucun staff, aucune logistique: un groupe en autogestion, chargé d’organiser ses entraînements, de planifier ses déplacements, de s’accorder sur une composition. Faire les sandwichs, remplir les gourdes et marquer les buts. Sacrée utopie: après la démocratie corinthiane, on a inventé la démocratie octodurienne.
Pour songer à tenter le coup, il faudrait que le capo dei capi consente à ranger sa baguette: dans l’histoire, c’est sûrement ça le plus utopique.
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Ramdam à Tourbillon – Et si on instaurait la démocratie octodurienne pour sauver Sion?
Pourquoi ne pas tenter de livrer les joueurs du FC Sion à eux-mêmes, alors que les entraîneurs se suivent et subissent tous le même sort – parfois plusieurs fois.