Eviter les jouets genrés? Difficile mais pas impossible
Une poupée pour Léa, un sabre laser pour Léon. Aux parents qui voudraient casser les stéréotypes, les responsables de deux ludothèques donnent des pistes.

Les sapins enguirlandés sur les places publiques, les raclettes et vins chauds sur les marchés indiquent que Noël approche à grands pas. Dans les magasins, les étals regorgent de jouets les plus inimaginables, mais les rayons restent divisés: garçons et filles semblent garder chacun leur place dans les rayons, indiquée par les couleurs et les figurants des emballages. Des Barbie pour les filles, des Hot Weels pour les garçons. Éviter les jouets genrés et balayer les clichés, est-ce mission impossible? À la ludothèque lausannoise Pinocchio, Marlyse Cretton fournit quelques conseils pour gommer les différences. Elle tente de créer un espace neutre dans sa ludothèque, exempt d'éléments genrés. «Quand je vais dans les grandes surfaces, je constate que les rayons sont divisés.
«Le problème, c'est que nous, adultes, reproduisons les clichés. L'idée qu'une cuisinière est un jouet exclusivement féminin, ce n'est pas naturel, c'est une construction»
Du bleu pour les garçons, du rose pour les filles. J'ai par exemple vu un kit de médecin adressé aux garçons, tandis que les filles avaient droit à un kit d'infirmière. Tout cela est à abolir. À Pinocchio, on ne différencie pas du tout les jouets selon le genre, et on essaie d'éviter les couleurs rose et bleu.» À la Cigale et la Fourmi, autre ludothèque lausannoise, Patricia Branciard s'engage également dans ce sens. «Nous n'avons pas de Barbie mais des poupons. C'est courant que des garçons avec un petit frère ou sœur en empruntent, car ils cherchent à imiter leur mère.»
Pour éviter les stéréotypes de genre, la première étape doit s'opérer du côté des adultes. Selon Patricia Branciard, la socialisation joue un rôle-clé dans le développement. Formatés, les enfants ne font que suivre les suggestions et préférences de leurs parents. «Le problème, c'est que nous, adultes, reproduisons les clichés. L'idée qu'une cuisinière est un jouet exclusivement féminin, ce n'est pas naturel, c'est une construction. Par exemple, quand un parent dit à son garçon de ne pas pleurer, ça lui dicte un comportement à adopter, et ce type de restriction renforce son mal-être.»
Favoriser l'autonomie
Pour la responsable de la Cigale et la Fourmi, le plus important est surtout de se procurer des jouets qui favorisent l'autonomie. «Je dis toujours aux parents qu'il faut faire travailler l'imagination des enfants. Il faut des objets basiques et assez neutres. Mettez de côté les jouets qui font de la lumière et du bruit, c'est l'enfant qui doit faire du bruit. Il doit pouvoir s'entendre pour apprendre à parler», recommande-t-elle. Certains jeux sont plus genrés que d'autres, estime Marlyse Cretton: «Les jeux symboliques, qui ont pour but d'imiter les adultes, sont plus marqués par les éléments de genre.» C'est pourquoi les deux ludothécaires conseillent de se tourner vers les jeux de société, bien plus neutres.
Enfin, les deux spécialistes rappellent que les jouets sont destinés à tous les enfants, indépendamment de leur genre. «Nous avons une mallette avec des instruments de médecine. À chaque fois, je fais comprendre que c'est pour les garçons mais aussi pour les filles, révèle la responsable de Pinocchio. S'il est plus courant de voir les filles jouer avec des poussettes, il arrive que des garçons en empruntent.» Pour Patricia Branciard, le choix des jouets est primordial car «c'est dans le jeu que l'enfant se construit».
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