«Allez, on y va!» , un film et 26 randosFaire tous les cantons à pied, le défi bon enfant de Daniel Felix
Durant trois ans, le Thurgovien a arpenté la Suisse et raconte ce périple cocasse dans un documentaire, «Allez on y va!» qui à son tour, tourne en avant-première.

Humour potache ou gravité drolatique? Avec Daniel Felix, l’accent brouille parfois l’intention. «J’ai réalisé un documentaire folklorique, plaide le cinéaste randonneur. Un film qui cale en douceur dans le fauteuil et vous tire un sourire sur la figure, qui s’enfile comme une chaussette douillette, quoi!» Ou comme une godasse de marche bien cassée. «On y va!» visite les 26 cantons. À chacun sa randonnée, 300 kilomètres au total.

Plus connu de l’autre côté de la barrière de röstis, le fils du légendaire Kurt Felix, présentateur du fameux «Teleboy» dans les années 70, force la sympathie par la simplicité de son approche. C’est cette bonhomie naturelle qui provoque l’adhésion à «On y va!» Dans ce qui pourrait être qualifié de home video, le quinquagénaire raconte son challenge comme un Candide curieux des particularismes indigènes. «Je filmais, ça nous retardait parfois (ndlr: l’équipe a varié dans sa composition au fil des étapes)… C’était une interaction entre la marche et le virage.»
«Les Argoviens portent des socquettes blanches pour aller randonner.»
Dès l’ouverture, ce citoyen de Weinfelden consulte le président de sa ville et reçoit une charrette de bois «comme sponsoring», cadeau que le magistrat juge idéal pour parcourir chacun des 26 cantons avec 18 kilos de matériel vidéo. Le ton débonnaire est donné. «C’est un gag authentique. Et la caisse à roulettes, le Stadtleiterwagen, m’a servi de fil rouge, je la ressors toutes les vingt, trente minutes dans mon montage», ponctue Daniel Felix. Sur la route, une même rondeur joviale permettra de poser toutes les questions avec l’innocence de la ritournelle du musicien Michael von der Heide utilisée en bande-son.
Quelle est la caractéristique des Argoviens? «Ils portent des socquettes blanches pour aller randonner.» Quelle est la blague favorite des Appenzellois? «L’histoire du touriste qui doit choisir entre dormir avec la Lizzy à l’étable ou dans le foin en hauteur… et qui au matin, découvre le pot aux roses: «Lizzy était une jolie fille, pas une vache, et moi l’âne de la fable!» Ah! Ah! Je sais, de nos jours, ce n’est pas très politiquement correct.» À méditer avant de reprendre la marche.

Sur les cantons romands, explorés de manière très classique, le voyageur ne rapporte guère de révélations. Et parfois surgit même cette sensation bizarre que d’une curiosité à l’autre, le marcheur suisse colle à son archétype comme un chewing-gum à sa semelle. Propre. Respectueux. «Et amateur de cervelas!» Le documentariste sourit: «J’aime cet esprit qui rassemble tous les randonneurs, la «culture rando» comme je l’appelle, qui nous connecte aux origines.»
«Moi, pour me faire avancer, mon père me promettait toujours un cadeau, un restaurant, une montée en funiculaire, il y avait toujours un but et j’ai gardé le concept.»
Au bout de la route, Daniel Felix dévoile aussi quelques données intrigantes. Sur les 69’000 kilomètres de sentiers balisés et entretenus avec soin, «souvent par des équipes bénévoles», les petits panneaux jaunes qui encouragent le promeneur sont tous fabriqués à Kaltenbach, par la maison Eschmann. La durée du parcours indiqué est calculée sur la moyenne de 4,2 kilomètres à l’heure, pondérée par la déclivité du trajet.
«Moi, pour me faire avancer, mon père me promettait toujours un cadeau, un restaurant, une montée en funiculaire, il y avait toujours un but, et j’ai gardé le concept.»
Qu’ambitionnait-il donc de conquérir avec cette modeste odyssée? «Je connais très bien la géographie suisse, donc je savais à quoi m’attendre. Mais la météo modèle tellement un paysage. J’ai compris qu’au fond, la pluie ou la grisaille gâtaient un peu la photo que j’avais en tête, mais créaient aussi des souvenirs exceptionnels. Une autre première pour moi, ce fut de découvrir des balades en ville sensationnelles, avec leurs panneaux jaunes comme en montagne, leurs trésors exotiques dans les campagnes avoisinantes. Je pense à Genève qui m’a bluffé! Ou encore ces bateaux à Bâle si impressionnants.»
Et tel un Tintin petit reporter, l’affilié au comité des journalistes ferroviaires de rêver: «Je me lancerais bien dans un tour des trains en Suisse…»
En avant-première dans plusieurs villes en présence de Daniel Felix.
www.onyva-lefilm.ch
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