Ferney, le château de Voltaire a repris des couleurs
Le monument rénové est ouvert depuis un mois. À voir tout près de Genève.

L'importance donnée par les Français à la fonction présidentielle n'est plus à démontrer. La première chose que le visiteur voit dans le hall du château rénové de Ferney-Voltaire, c'est une pancarte signalant le récent passage d'Emmanuel Macron et de son épouse, en compagnie de la ministre de la Culture, Françoise Nyssen. C'était le 31 mai dernier, un événement à la mesure des ambitions mises par l'État français dans la réouverture de ce monument historique longtemps négligé. Le Centre des monuments nationaux a remis ce patrimoine en valeur au cours de longs travaux qui viennent de s'achever.
Le site est superbe et ne se laisse deviner qu'au tout dernier moment, quand de l'entrée des visiteurs (avec boutique de livres et d'objets comme dans les plus grands musées), on passe sur l'esplanade face au château. Le bâtiment du XVIIIe siècle, légèrement remanié au XIXe, a pris une couleur rose pâle de bon aloi. Il est resplendissant sous le soleil de juin, environné de terrasses panoramiques côté Genève et d'ombrages majestueux de toutes parts.
Pique-nique XVIIIe siècle
L'allée de charmille est toujours là, si haute qu'on ne risque plus d'y abîmer les plumes de sa coiffure comme l'avait fait Madame de Genlis en visite chez Voltaire. Il vaut mieux, car le samedi 30 juin 2018, la mode du Siècle des Lumières était à nouveau de mise à Ferney. Quiconque arriverait au château en tenue du XVIIIe siècle, muni de son pique-nique, pouvait entrer gratuitement et se mêler aux membres de la Compagnie costumes & patrimoine.
Des concerts, des spectacles et des conférences, il y en a tout l'été au château de Ferney, mais c'est le monument lui-même la vedette du domaine. Trop longtemps habité et souvent modifié par les propriétaires successifs, le premier étage ne se visite pas. Ses derniers habitants étaient les descendants du sculpteur Émile Lambert, auxquels l'État français a acheté le domaine en 1999.
Seul le rez-de-chaussée, auquel on accède par quelques marches, est ouvert au public. Du fait de son âge – 64 ans au début des travaux de construction – Voltaire y installa ses appartements. Le vestibule est resté le même, avec son beau carrelage en marbre du Chablais vaudois, comparable à celui de la salle à manger du Château de Prangins, que le philosophe avait fréquentée.
Le sens de la visite permet de traverser les sept pièces du rez-de-chaussée, dont certaines sont consacrées au souvenir de Voltaire depuis sa mort en 1778. Leur décor a été rafraîchi, les très beaux parquets restaurés avec soin et des meubles du Mobilier national choisis et apportés à Ferney en fonction de leur similitude avec le contenu des inventaires du temps de Voltaire.
Car l'agencement du château et sa décoration sont connus grâce à une importante documentation conservée en Russie. La tsarine Catherine II, grande admiratrice de Voltaire, avait prévu de faire construire une réplique de Ferney près de son palais d'été de Tsarkoïe Selo. Pour cela, elle avait demandé à l'architecte Racle, bâtisseur en 1765 des deux ailes accolées au bâtiment central de 1761, les plans et la description des lieux.
Le château de Ferney russe ne sortit jamais de terre, mais la grande Catherine conserva précieusement les livres de la bibliothèque de l'écrivain qu'elle avait achetés après son décès. Ils appartiennent à la Bibliothèque nationale de Russie, à Saint-Pétersbourg. Cette collection se trouvait à Ferney, dans une pièce qui disparut quand le propriétaire de 1845, le Parisien Eugène Griolet, créa une grande salle en réunissant la bibliothèque et la salle à manger.
D'autres chambardements lui sont imputables, comme le déménagement de la chambre du patriarche deux pièces plus loin que son emplacement d'origine, occupé aujourd'hui par le salon des tableaux. Ceux-ci, fraîchement restaurés, sont pour la plupart des copies de toiles de maître que Voltaire avait fait réaliser par des peintres locaux. C'est pourquoi sa nièce et maîtresse, Madame Denis, ne parvint pas à les vendre. Ils restèrent donc au château, devenu en 1778 la propriété du marquis de Villette.
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