Ce qu’on reçoit de la main droite, faut-il le shooter du pied gauche? Ainsi, la FIFA a joué les banquiers pour la Ville de Lausanne. En lui prêtant de l’argent à -0,33% (!). Le mastodonte zurichois du football mondial évitait ainsi que les millions qu’il avait engrangés ne perdent de leur valeur alors que les taux d’intérêt plongeaient dans le rouge. Ce sont pourtant les élus de cette même ville «olympique» qui ne se sont pas rendus au mondial qatarien pour des raisons éthiques et écologiques. Et qui n’ont pas voulu qu’on organise de fan zones sur son territoire l’an dernier.
«Il y a donc, au minimum, matière à gros paradoxe.»
L’histoire, qui a débuté déjà en 2017 pour le chef-lieu vaudois, est un peu la même à Berne, à Genève, à La Chaux-de-Fonds, à Neuchâtel et à Fribourg. Dans des exécutifs pour la plupart majoritairement à gauche qui n’hésitent pas à dénoncer les errements des instances mondiales du ballon rond, il y a donc, au minimum, matière à gros paradoxe. Mais pour une collectivité en mal de finances saines et de liquidités, ne vaut-il pas mieux se boucher le nez et fermer les yeux sur l’origine d’un prêt en sachant que le taux négatif proposé via un intermédiaire est dans l’intérêt du porte-monnaie du citoyen contribuable? Et laisser les errements du foot business pour plus tard?
Poser les questions, ce n’est certainement pas y répondre. Parce que ce dilemme vaut pour nous tous. Que nous soyons épargnants, rentiers, investisseurs, que préférons-nous? Un fonds qui rapporte gros sans être trop regardant sur les titres le composant? Ou un rendement bien plus timoré mais qui nous permet de nous regarder moralement dans le miroir? Le collectif ou l’action individuelle? «Le football est un jeu simple rendu compliqué par des gens qui n’y connaissent rien», disait le légendaire entraîneur liverpuldien Bill Shankly.
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Éditorial – FIFA et Lausanne, de drôles de prêts