Conseil général de BettensForte mobilisation contre un projet en faveur d’enfants
Un centre de soins pour enfants connaissant des troubles du développement n’a pas trouvé grâce aux yeux d’une population souffrant déjà du trafic.

Le village de Bettens vient de vivre une de ces séances de Conseil général hors normes et tendues comme il s’en produit parfois dans ce canton. Une de ces séances commençant par une assermentation massive de nouveaux membres: 29 en l’occurrence mercredi soir dans le Gros-de-Vaud. De quoi multiplier les effectifs de l’organe législatif par 2,3 par rapport à la dernière séance, et atteindre le taux impressionnant de 10,7% des habitants assermentés.
Cause de cette mobilisation? Un projet de construction d’un centre de soins pour enfants atteints de troubles du développement, mené par l’association Dystinctif (lire l’encadré). Un projet soutenu par la Municipalité, qui sollicitait donc l’octroi d’un droit distinct de superficie, une sorte de contrat de location à long terme du terrain sur lequel l’association voulait bâtir, à ses frais, un bâtiment.
La demande avait déjà été formulée devant le Conseil général le 8 décembre dernier. Et rejetée par 14 non contre 11 oui. Mais comme les principaux reproches portaient sur un manque de détails, l’Exécutif a jugé bon de retenter sa chance avec un préavis complété. Las, le verdict a été le même: 39 non contre 27 oui cette fois. Plus que le projet lui-même, c’est toutefois la faiblesse du loyer demandé – 2000 francs par mois – et le contexte général qui ont cristallisé les débats.
Bettens est un des villages vaudois ayant le plus grandi ces dernières années: +56% de population en neuf ans (de 2012 à 2021). Et à entendre certains anciens du village, il y avait beaucoup de nouvelles têtes dans la salle bondée. «ça ne les a pourtant pas trop gênés quand on a dézoné des champs pour qu’ils puissent construire leurs baraques, faisait remarquer un de ces anciens. Mais maintenant qu’ils sont là, ils veulent que plus rien ne bouge!»
«On a déjà clairement un souci de circulation et de sécurité des piétons, et notamment des enfants.»
Ce développement important a aussi des impacts sur la qualité de vie dans ce village bâti autour du croisement entre l’axe Chavornay - Cheseaux et celui reliant Échallens à Penthalaz. «Pourquoi laisser venir au centre du village un projet qui prévoit 16’000 consultations par an et donc au minimum autant de trajets en voiture, alors qu’on a déjà clairement un souci de circulation et de sécurité des piétons, et notamment des enfants?» a ainsi interrogé un membre du Législatif durant les débats.
Un préavis présenté en ouverture de séance et proposant un réaménagement dudit croisement central a pourtant été lui aussi refusé. «Parce que la dépense de 1,09 million de francs semblait disproportionnée par rapport aux bénéfices espérés» pour la commission chargée d’étudier le projet. Et «parce qu’il y aurait mieux à faire avec cette somme, comme améliorer l’efficience énergétique des bâtiments communaux» pour la Commission des finances.
Devoir de participation
Malgré des échanges restés courtois, le manque de connaissances civiques d’une partie des nouveaux assermentés s’est aussi fait ressentir. L’un d’eux a même pensé qu’il avait le droit de quitter la salle juste après avoir voté! De quoi faire rappeler au président du conseil, Jean-Daniel Reymond, en fin de séance, que faute de démission écrite envoyée dans les temps, les nouveaux élus avaient le devoir de participer aux prochaines réunions du conseil.
«Nous nous étions déjà retrouvés dans une situation similaire il y a une quinzaine d’années, où après une mobilisation massive, il avait été difficile d’atteindre le quorum lors des séances suivantes, se rappelle celui qui est aussi un ancien syndic. Ce qui s’est passé ce soir m’incite à penser qu’il serait peut-être bien pour la commune de songer à passer au Conseil communal.»
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