À l’issue de la saga des négociations salariales de l’automne 2022, relatée dans les colonnes de ce journal, une nouvelle convention collective nationale du gros œuvre (Cn23+) a été conclue in extremis. Ainsi, un vide conventionnel a été évité de justesse. Pour mémoire, et c’est un fait, un tel vide n’est favorable ni aux employés, ni aux employeurs: les travailleurs sont moins protégés et le risque de dumping salarial pratiqué par des entreprises étrangères, ne respectant pas les standards helvétiques, est bien réel.
Si les syndicats se sont gargarisé du succès d’une opération ayant prétendument permis les augmentations de salaire, la réalité est tout autre. En effet, pour les entrepreneurs, la responsabilité sociale n’est pas un vain mot. Soucieux du pouvoir d’achat de leurs employés, surtout en période d’inflation, ils avaient dans tous les cas prévu une augmentation. Cependant cette dernière devait être réaliste, c’est-à-dire conforme aux possibilités d’un marché aussi tendu que concurrentiel.
«La violation crasse de la paix absolue du travail et le non-respect de la convention collective en vigueur ont laissé des traces.»
Mais alors, si les augmentations salariales étaient voulues et qu’aucune des parties ne souhaitait de vide conventionnel, quel bilan tirer des campagnes de désinformation, du tintamarre orchestré par les syndicats et des grèves du mois de novembre? En vrac: des navettes en provenance de tout le canton pour atteindre le lieu de rassemblement, une cantine géante, des happy hours «deux bières pour le prix d’une» et un défraiement à hauteur de 170 francs pour chaque travailleur ayant débrayé.
En somme, une belle opération marketing syndicale qui aurait coûté une dizaine de millions de francs. N’y avait-il pas mieux à faire en faveur des travailleurs qu’une fête qui n’en était pas une? Les syndicats répondront certainement par la négative. Ce qui est indéniable par contre, c’est que la violation crasse de la paix absolue du travail et le non-respect de la convention collective en vigueur ont laissé des traces.
Sur le terrain, on assiste non seulement à une défiance entre les partenaires sociaux, mais surtout à un climat délétère entre les employés syndiqués et ceux qui ne le sont pas, ainsi qu’entre les employeurs et leurs employés. En définitive, un scénario qui n’a fait que des perdants.
Renouer avec le dialogue
Puisqu’en début d’année il est de bon ton de prendre de bonnes résolutions, les syndicats devraient s’engager à sortir de leur zone de confort et cesser les slogans stériles à l’égard du patronat.
Doit-on encore le rappeler? L’entrepreneur n’exploite pas, il prend des risques, donne du travail, offre des perspectives, forme et prend soin de ses collaborateurs hiver comme été. Renouons donc avec le dialogue, travaillons comme de vrais partenaires sociaux pour des conditions-cadres favorables, pour motiver et former la relève qui constitue l’essence même de nos métiers. C’est d’autant plus important en cette période d’incertitude et de pénurie de main-d’œuvre qualifiée.
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L’invité – Grèves des maçons de l’automne 2022: tout ça pour ça
Jean-Luc Jaquier salue la signature d’une nouvelle convention collective et appelle à la réconciliation.