Mystères de l’UNILGuérir grâce aux faiseurs de secrets, une réalité inexplicable
Magali Jenny se penche sur le phénomène du soin à distance grâce aux témoignages de ceux qui le pratiquent. Un «secret» qui reste bien gardé…

Magali Jenny est bien placée pour évoquer le «secret». Enfant, elle l’a expérimenté dans son corps: «J’ai été soignée de différents problèmes par une guérisseuse et un faiseur de secrets. Cela a attisé ma curiosité. Par la suite, j’ai choisi ce thème pour mon mémoire de licence.»
La socioanthropologue n’a cessé depuis lors d’étudier les guérisons à distance et a publié plusieurs ouvrages, dont le répertoire actualisé «Nouveau guide des guérisseurs en Suisse romande» (Favre, 2021). Elle abordera le sujet en conférence publique dans le cadre des Mystères de l’UNIL, et elle l’admet d’emblée en riant: dans son domaine, on se situe davantage du côté du mystère que de l’académique.
Car peut-on étudier scientifiquement ces phénomènes observés partout dans le monde? «Il y a eu des tentatives d’études scientifiques, mais peu ont abouti, car la méthodologie est difficile à mettre en place. À part les témoignages empiriques, on dispose de peu de choses. C’est de cette manière que je travaille: je discute avec les personnes qui pratiquent le secret, comment il leur vient, comment elles le vivent.»
Formule magique
Parmi les magnétiseurs, guérisseurs, médiums, rebouteux, énergéticiens et radiesthésistes, les faiseurs de secrets occupent une place à part. Ce sont eux qu’évoquera Magali Jenny en public. Que sait-on de leurs interventions, si ce n’est qu’elles sont réputées si efficaces que même le corps médical y recourt? «Il y a beaucoup de façons de pratiquer, mais le trait commun est une formule à réciter. On ne sait en revanche pas exactement ce qui est prononcé.» D’où l’appellation «secret» et une transmission selon des règles précises, dont Magali Jenny a pu observer qu’elles s’assouplissaient sous nos latitudes, pour éviter que le secret ne disparaisse.
«Il y a une forme de spiritualité, un lien avec autre chose, que ce soit la religion, les énergies, la nature, les forces cosmiques…»
Comment les initiés déterminent-ils leur succession? Y a-t-il un profil type? «Pas vraiment, observe l’ethnologue. Il y a des personnes de tous les genres, tous les âges, toutes les régions, pas seulement en milieu rural. Il faut être disponible, atteignable facilement. Parfois les gens sont choisis en raison d’un métier exposé, les cuisiniers – pour les brûlures –, les ambulanciers, le milieu infirmier… Leur trait commun, c’est l’humilité. Les faiseurs de secrets disent qu’ils sont capables de générer des guérisons, mais qu’ils n’en sont pas à l’origine. Il y a une forme de spiritualité, un lien avec autre chose, que ce soit la religion, les énergies, la nature, les forces cosmiques…»
Reste à savoir si la chercheuse «a le secret». «On me l’a proposé, mais j’ai refusé, car je n’ai pas le temps!»
Samedi 3 juin, 15 h – 15 h 45, sur inscription: www.mysteres.ch
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