Gustave Roud était un critique d'art inspiré
Le Musée d'art de Pully balise à sa manière l'année dédiée au grand poète vaudois. Mise en exergue de sa passion pour l'art pictural et de ses amitiés avec des peintres.

Aux cimaises de cette émouvante Maison pulliérane de la fin du XVIIIe, qui côtoie celle de Ramuz, des photographies en noir et blanc, en couleur aussi, réalisées par Gustave Roud (1897-1976), qui fut son associé en littérature. Un héritier poétique très différent. Mais aussi des manuscrits et des textes que l'auteur du Petit traité de la marche en plaine avait écrits en tant que critique d'art. Une vocation qui l'avait séduit très jeune, dans les années 1920, pour avoir beaucoup dialogué avec son ami le peintre veveysan Steven-Paul Robert, d'un an son aîné. Plus tard, il se liera à René Auberjonois, par un échange nourri de 479 lettres et cartes postales. Il le défendra dans la presse quand le peintre, en 1932, osera faire figurer dans l'abbaye du Dézaley la représentation d'une femme nue qui fera scandale. Après la guerre, Roud s'attache à d'autres artistes locaux, plus jeunes que lui, et qu'il encourage. Dont un Gérard de Palézieux (1919-2012), mais aussi un Jean Lecoultre, né en 1930, un passionné des surréalistes, de Paul Klee et de l'Espagne, dont il pressent l'immense talent sans vraiment le saisir. Selon Philippe Kaenel, qui est titulaire de l'histoire de l'art à l'UNIL, ce dilemme a fait prendre conscience au poète de Carrouge que sa propre conception de l'art vieillissait.