Halloween ou l'anti-pédagogie de la mort
Emanuele Alfani plaide pour une approche éducative de la mort.
Autrefois, les fêtes de la Toussaint et de la Commémoration des morts rappelaient la vocation de chaque fidèle à la sainteté, ainsi que l'espérance pour l'homme d'une vie après la mort.
Presque toutes les anciennes civilisations considéraient la mort comme un aspect essentiel de la vie, et avaient élaboré des systèmes de transmission de sagesse, via la religion et la famille, aptes à intégrer ce mystère dans la réalité du quotidien.
«La mort fait peur et arrache nos vies mais elle pourrait aussi nous aider à entendre la fragile musique de la vie»
Aujourd'hui, dans un Occident obnubilé par le matérialisme et le laïcisme, tout ce patrimoine de foi et de traditions ancestrales est devenu l'objet d'indifférence ou de sourires narquois. En effet, c'est à la mode de faire semblant que la mort n'existe pas! Oui, la mort menace le délire de toute-puissance et d'immortalité de nos contemporains si occupés à faire fonctionner le système de consommation, à diviniser la science et l'obscurantisme athée.
Mieux vaut occulter la Grande Faucheuse, la refouler et la nier, l'éloigner et la médicaliser dans les hôpitaux, la reléguer dans le monde du virtuel et des jeux vidéo, la considérer «accident de personne» ou sujet tabou.
Durer ici-bas, prolonger la vie, lutter contre le vieillissement semble être la principale préoccupation existentielle de l'homme moderne face à l'énigme de l'infini. Et quid de la question de Dieu ou d'un Principe supérieur, de l'existence et de l'immortalité de l'âme, du désir d'absolu et des interrogations métaphysiques?
La fête d'Halloween s'inscrit parfaitement dans ce mouvement nihiliste de déni de la réalité, préférant le vide d'une célébration folklorique et païenne celte à la méditation sur la condition humaine. Arpenter les rues déguisés en morts vivants ou en fantômes paraît satisfaire la soif d'éternité d'une société superficielle et sans âme, coupée de toute transcendance.
Le cycle de la vie
En réalité, il est urgent de replacer la mort dans son contexte naturel, celui du cycle de la vie: on naît, on grandit, on vieillit et on meurt. Dès lors, une approche éducative de la mort s'impose car pour apprivoiser la mort, il est indiqué de «faire avec», de libérer la parole et l'expression des sentiments, d'essayer la transfiguration et la recherche de sens.
À bien y réfléchir, tel un grand maître de sagesse, la mort enseigne, dilate le cœur et ouvre les yeux, invite au voyage intérieur et à l'essentiel.
Nous privant parfois subitement de tout, richesses, succès et amours, elle interpelle avec force notre passage sur terre: «Sommes-nous en train de bien utiliser notre vie?» La mort fait peur et arrache nos vies mais elle pourrait aussi nous aider à entendre la fragile musique de la vie, comme porte entrouverte sur d'autres possibles et des cieux étoilés de vastes espérances.
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