Conseil fédéralIgnazio Cassis au coeur de la tempête européenne
Le nouveau chef du DFAE devra sortir le dossier européen de l'ornière, une tâche qui s'annonce tout sauf facile.
Beaucoup de travail attend Ignazio Cassis au Département des affaires étrangères. Le nouveau ministre du DFAE devra notamment sortir le dossier européen de l'ornière, une tâche qui s'annonce tout sauf facile.
Le nouveau diplomate en chef n'aura pas le temps de souffler. Il arrive en plein coeur d'une tempête usante pour son prédécesseur. Fervent partisan d'un renouvellement de la voie bilatérale avec l'Union européenne (UE), Didier Burkhalter a bataillé pendant cinq ans pour ficeler l'accord cadre exigé par Bruxelles afin de garantir l'accès au marché européen.
Juges étrangers
Les vents contraires n'ont fait que se renforcer. Après le gel européen des discussions suscité par le vote contre l'immigration de masse en février 2014, la polémique en Suisse sur les juges étrangers n'a pas faibli. Le discours de l'UDC anti-accord cadre a fait des émules au PLR et du PDC.
Les opposants ne veulent pas que la Cour européenne de justice tranche les désaccords entre Berne et Bruxelles sur la reprise suisse du droit européen. Didier Burkhalter a eu beau répéter que les juges ne livreraient qu'une interprétation contraignante du droit, la solution concrète du conflit se faisant au niveau politique, via un comité mixte. Son message n'a pas passé.
L'UDC a mis de l'huile sur feu en déposant en août 2016 son initiative dite contre les juges étrangers, qui doit assurer la primauté du droit suisse. La droite dure en prépare une autre pour résilier l'accord de libre circulation des personnes avec l'UE. De quoi redynamiter les relations avec Bruxelles.
Petits progrès
Le déblocage des discussions ne remonte pourtant qu'à décembre 2016. Il a fallu attendre que les Chambres fédérales trouvent une solution pour appliquer l'initiative contre l'immigration de masse sans enfreindre la libre circulation des personnes. Grâce à cela, un accord bilatéral visant à supprimer les entraves au commerce via la reconnaissance mutuelle des certificats de conformité a pu être actualisé en juillet.
Mais d'autres textes comme l'accord sur l'électricité restent suspendus à une clarification des règles institutionnelles de fonctionnement. Le nouveau ministre ne pourra donc pas esquiver l'obstacle de l'accord cadre.
Face à Bruxelles, il garde comme atout dans sa manche une nouvelle contribution helvétique à la réduction des inégalités économiques et sociales dans les pays de l'UE - le fameux «milliard de cohésion». Le Conseil fédéral n'a rien promis, mais il souhaite le cas échéant le faire de manière plus ciblée avec un accent sur la formation professionnelle et la migration.
Dépasser l'Europe
Quelle que soit sa décision, les négociations à Bruxelles seront menées par la secrétaire d'Etat aux affaires étrangères Pascale Baeriswyl. Le futur patron du département devra aussi mettre en oeuvre les autres priorités du Conseil fédéral en matière de politique étrangère.
Pour cette législature, il devra développer les partenariats avec des pays extra-européens et renforcer ainsi les relations avec le Brésil, l'Inde, la Chine, l'Afrique du Sud, le Japon et les Etats-Unis. Comme ses homologues occidentaux, il devra composer avec l'imprévisibilité de Donald Trump même si la Suisse n'a plus maille à partir avec Washington comme au temps du conflit fiscal.
Le nouveau ministre devra également oeuvrer davantage pour la paix à travers les médiations des crises et des conflits, les traditionnels bons offices menés surtout au Proche et au Moyen-Orient, en Afrique et dans l'espace de l'OSCE. Il ne pourra plus profiter des bonnes relations établies par Didier Burkhalter avec son homologue russe Sergueï Lavrov pour les négociations de paix sur la Syrie par exemple.
Lutter contre la pauvreté
La dernière priorité stratégique du département jusqu'en 2019 est l'engagement contre la pauvreté et le développement durable dans le cadre de l'Agenda 2030 de l'ONU. On verra comment le nouveau patron des affaires étrangères défend la cause de l'aide au développement par rapport aux appels à la rigueur budgétaire du PLR et de l'UDC.
A l'interne enfin, il devra faire passer la réforme de la carrière diplomatique. Un avancement dépendant des postes occupés devrait remplacer la progression automatique des échelons de carrière, a décidé le Conseil fédéral.
ats
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