Il défait tout ce que nous faisons, ce virus!
Patricia Dubois déplore que la pandémie sépare les générations.
Autant le dire tout de suite: à titre personnel et plus encore dans ma fonction, je respecte les décisions prises par les autorités fédérales et j'en comprends les motivations.
Depuis le début de «la crise», Connaissance 3 a scrupuleusement suivi les consignes données, convaincus que nous sommes qu'il est important de parler d'une seule voix dans pareille situation. Loin de l'attitude coupable de certains médias et autres lobbys jouant aux pompiers pyromanes, nous continuerons à nous en tenir strictement aux recommandations du Conseil fédéral ces prochaines semaines.
Cependant, la première fois que j'ai entendu M. Berset déclarer: «Il faut tout faire pour séparer les générations»*, cette petite phrase a claqué à mes oreilles et m'a glacé le sang. Moi qui, avec toute l'équipe de Connaissance 3, travaille chaque jour depuis des années à faire exactement l'inverse, j'ai compris que nous allions vers des temps difficiles.
«Rendre visible l'apport des seniors dans la société, montrer combien chaque génération peut et doit contribuer à une citoyenneté respectueuse des forces et faiblesses de chacune et chacun»
Ainsi, cet «ennemi invisible», ce virus encore mal connu allait venir défaire en quelques jours ce que nous construisons depuis plus de vingt ans?
Créer du lien, lutter contre la fracture numérique, rendre visible l'apport des seniors dans la société, montrer combien chaque génération peut et doit contribuer à une citoyenneté respectueuse des forces et faiblesses de chacune et chacun, encourager les solidarités intergénérationnelles: autant de «missions» qu'avec d'autres institutions, nous défendons au quotidien et qui passent par de merveilleuses expériences et rencontres.
Solitude et funérailles tronquées
Voilà que depuis quelques semaines, les grands-parents ne sont plus autorisés à garder - ni même à voir – leurs petits-enfants; voilà que désormais, les visites dans les EMS sont interdites; voilà que nos plus âgés (85% des personnes décédées dans le canton avaient plus de 75 ans**, alors que les 65-75 ans ne représentent «que» 11%, c'est aussi à méditer) doivent s'en aller dans la plus cruelle des solitudes; voilà qu'ensuite, leurs funérailles sont tronquées et qu'il n'est même plus possible de réunir les familles lors des enterrements.
Semble enfin arrivée l'heure où la première phase de sidération, influencée par une peur souvent mauvaise conseillère, est derrière nous. Les cerveaux recommencent à fonctionner et de bonnes questions, d'ordre plus éthique que sanitaire, émergent… Je me permets d'en suggérer ici une petite moi aussi: ne serait-il pas temps de consulter ces «seniors à risques»? Ces aînés qui ont vécu presque un siècle n'auraient-ils pas le droit de nous dire qui du virus ou de la solitude leur fait le plus peur?
Une fois de plus, nous apprendrions certainement beaucoup à les écouter!
* Propos tenus le 13 mars 2020 sur la RTS
** www.vd.ch, chiffres du 14 avril 2020
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