Il faut défendre la liberté syndicale et le droit de grève
Yves Defferrard voit en la grève un nécessaire contrepoids au pouvoir des employeurs.
Dans une Réflexion récente, M. Christophe Reymond, directeur du Centre Patronal, a qualifié la grève de «poison social». Elle serait à ses yeux un «moyen de contrainte» illégitime qui mènerait le pays à sa perte. Il laisse entendre que la grève n'est pas un droit fondamental. Ne lui en déplaise, le droit de grève fait bien partie des droits élémentaires, droits consacrés par des conventions internationales, par l'article 28 de la Constitution suisse et la jurisprudence du Tribunal fédéral.
Dans les relations très asymétriques entre employeurs et employés, le droit de grève est fondamental pour négocier d'égal à égal et obtenir des améliorations, comme l'introduction d'une convention collective de travail. La mention même du recours à la grève permet dans bien des cas de débloquer des situations et d'obtenir gain de cause. Sans cette épée de Damoclès, il n'y aurait aucun contrepoids au pouvoir des employeurs.
«Dans le canton de Vaud et dans toute la Suisse, les maçons sont en ce moment en lutte pour leur retraite à 60 ans»
Loin de mener à la «destruction progressive de l'entreprise» comme le reproche le patron des patrons vaudois, le recours à la grève vise tout le contraire. Il s'agit pour les salariés de se battre pour l'existence même de leurs places de travail, pour leur dignité et pour la reconnaissance de leur profession.
On peut citer l'exemple de la grève de Novartis à Nyon: le débrayage de 400 employés du site a fait revenir la direction sur son projet de fermeture. De même, l'été passé, les matelots de la Société de Navigation du lac Majeur ont fait la grève durant trois semaines – avec succès – pour conserver leurs emplois.
Refuser les diktats patronaux
Dans le canton de Vaud et dans toute la Suisse, les maçons sont en ce moment en lutte pour leur retraite à 60 ans et contre les plans des entrepreneurs visant à les faire travailler avec des horaires interminables, au mépris de leur santé.
Ces innombrables salariés qui ont choisi l'option de la grève partagent un point commun: ils refusent les diktats patronaux qui remettent en question leurs conditions de vie et leur dignité. Dans ce cas, le droit de grève n'est qu'un moyen de légitime défense collective. Et c'est bien ce qui déplaît au patronat, et ce qui fait que les accords internationaux qui le garantissent sont actuellement attaqués par l'UDC.
Nous devons défendre nos droits élémentaires, dont la liberté syndicale et le droit de grève qui en découle font partie: d'une part en votant non à l'initiative dite «pour l'autodétermination» le 25 novembre prochain, et, d'autre part, en étant solidaires avec les salariés en lutte pour leurs conditions de travail, comme les maçons le 5 novembre prochain à Lausanne.
Après 20 ans de syndicalisme, je remarque que les employeurs sont de moins en moins enclins à entrer en discussion, ce qui pousse les salariés dans leurs derniers retranchements. Il serait de bon ton que le patronat remette de l'ordre dans ses troupes en leur expliquant les vertus du dialogue social.
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