«Il y a beaucoup de curiosité à Lausanne, j'ai envie d'y répondre»
Le projet Plateforme10 a convaincu Fabienne Levy, passionnée d'art, d'ouvrir sa première galerie dans la capitale vaudoise. À deux pas du futur quartier culturel.

«Je n'ai jamais eu de galerie, c'est la première.» Avenue Louis-Ruchonnet 6, dans ses 300 m2, Fabienne Levy avance à découvert. Sincère. D'autant qu'elle ne peut mentir sur son patronyme, il renvoie à un entourage d'amateurs d'art en même temps qu'il ouvre des portes. À sa mère collectionneuse, elle doit «cette passion de l'art à 100% et à l'état pur». Et sa sœur, galeriste, pointe parmi les femmes les plus influentes du monde de l'art, essaimant les enseignes «Lévy Gorvy» entre New York, Hong Kong, Londres et Zurich.
Mais l'ADN ne dit pas tout, il faut également observer les mains de Fabienne Levy. Fatiguées, elles parlent d'une femme impliquée qui n'a pas hésité à servir de manœuvre. «Je crois que tout ce qui pouvait nous tomber dessus avant l'ouverture est arrivé! On a fait avec l'art de la débrouille, agrafé, peint, épongé et j'ai même appris à monter et à démonter un pont de chargement.» Alors si l'appel d'air promis par le quartier culturel Plateforme 10 fonde une partie de l'enthousiasme de la galeriste, à quelques jours de son vernissage, elle n'hésitait pas à se comparer à un zombie.
La suite? Il faut une belle capacité d'extrapolation pour l'imaginer, le long de cette artère entre deux mondes – celui de vitrines encore peu amènes et celui d'un quartier bientôt transfiguré par les nouvelles ambitions muséales et ferroviaires! Mais pas de problème, Fabienne Levy fonce, convaincue. «La preuve, j'ai signé un bail de sept ans et mon programme est bouclé jusqu'en décembre 2020 avec six accrochages par année.» Historienne de l'art passée par New York, Milan, le département de photographie de Christie's et le costume d'art advisor, la galeriste gravite dans un vaste réseau. Sans compter qu'elle est aussi collectionneuse.
«Étudiante, j'étais folle de baroque, mais j'ai vite compris que ça allait être compliqué. Je me suis intéressée à la photo, puis à la peinture, les dessins, les sculptures. Dans une collection, il y a les œuvres qui reflètent la personne que vous êtes au moment du coup de cœur, et les autres, celles qui traduisent votre âme. Pour moi, le premier appel est esthétique. Toujours. Puis vient l'émotion qu'elle suscite, j'aime que les œuvres me parlent de mémoire, de passé. C'est différent de ce que je vais présenter à la galerie.»
Une même veine irrigue toutefois les aspirations de la collectionneuse et les intentions de la galeriste: la quête du sens. «Je veux vraiment travailler avec des artistes qui sont là pour nous ouvrir les yeux et qui touchent à des problématiques contemporaines qui ne tournent pas uniquement autour de l'environnement. Ça peut être l'égoïsme, le narcissisme, le couple, etc. Ou comme Andrea Galvani qui fait l'ouverture et qui arrive à nous parler simultanément du présent, du passé et du futur. Un travail visuel mais également très mental.»
Suivront l'Israélien Yuval Yairi croisant les médiums photo et vidéo, la photographe mexicaine Daniela Edburg, l'Espagnol Jorge Conde et deux sessions par année de «Space Invasion». Une carte blanche offerte aux écoles d'art de Suisse romande invitées à envahir l'impressionnant espace. «Je veux créer des liens, des ponts, organiser des débats. Faire revenir le dialogue qui me manque dans ce monde de l'art. On en est arrivé à une sorte d'étouffement, je ne sais pas pourquoi, et paradoxalement ce monde globalisé finit par être tout petit. Mais je ne vais pas non plus faire de cette galerie un musée. Je dois vivre!»
Des idées, la Lausannoise de naissance en a. «Elles prennent juste un peu plus de temps pour se réaliser, je débute! Mais j'adore cette ville, en plus d'un réseau de collectionneurs qui y gravite, il y a beaucoup de curiosité ici et j'ai envie d'y répondre dans une galerie 100% locale. Je veux dire qui ne court pas les foires internationales, c'est peut-être la tendance de notre époque, mais je n'y adhère pas complètement. À mon avis, le galeriste doit se recentrer sur son activité et s'affirmer localement.»
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