«Il y a une fenêtre pour un accord de paix historique»
Le président du Kosovo et la première ministre serbe ensemble ce mardi à Genève. Un signe encourageant?

«Les chances d'aboutir peuvent paraître minces, mais nous avons bel et bien la possibilité d'atteindre un accord de paix historique, avec des frontières définies et une reconnaissance mutuelle entre deux États (ndlr: serbe et kosovar). On me critique, mais sans offrir d'alternative (ndlr: à sa proposition d'échanger les territoires de Presevo et Mitrovica). Si nous ratons cette fenêtre, nous resterons une décennie encore dans cette situation intenable. Il nous faut ouvrir la voie vers la croissance économique!» Le président kosovar Hashim Thaci s'est défendu avec force, ce mardi à Cologny, lors d'une conférence de presse tenue au siège du Forum économique mondial (WEF) en présence notamment de la première ministre serbe Ana Brnabic. Un fait rare.
Autour de la table, il y avait aussi le premier ministre albanais Edi Rama et le vice-premier ministre monténégrin Zoran Pazin. Il ne manquait que des représentants macédonien et bosnien à ce «Dialogue stratégique sur les Balkans occidentaux» qui vise à développer l'économie, la stabilité et la paix dans ces six pays non-membres de l'Union européenne. Et ils étaient très bien entourés, par des leaders de Croatie, de Slovénie, de Bulgarie, de Turquie, de Slovaquie, d'Allemagne et de Suisse. Cette réunion était la troisième cette année, après le lancement à Davos en janvier et le sommet à Sofia en mai…
Révolution digitale
Un exercice frisant l'équilibrisme. La première ministre serbe, interrogée sur une éventuelle reconnaissance de l'État du Kosovo en 2018, a ainsi répondu que ce sera sans doute «l'année où le Kosovo sera reconnu pour ce qu'il est vraiment: une province autonome de Serbie»! Mais un peu plus tôt, Ana Brnabic déclarait que son pays, après des années de réformes difficiles, commence à récolter les fruits de ses efforts et que Belgrade a donc un intérêt évident à éviter toute instabilité régionale susceptible de menacer son économie. «Alors oui, ici à Genève, nous avons bien sûr évoqué les questions politiques, mais nous étions là avant tout pour tenter de stopper la fuite des cerveaux et préparer la région pour la Quatrième révolution industrielle (ndlr: explosion de l'économie numérique, intelligence artificielle, etc).
Concrètement, les leaders se sont entendus pour créer un Centre régional pour la Quatrième révolution industrielle, en lien avec le réseau du WEF. Ils ont décidé de tenir en 2019 un sommet de l'Europe du Sud-Est. Ils souhaitent aussi mettre sur pied un Conseil de la compétitivité dans les Balkans occidentaux. Un partenariat doit par ailleurs être formalisé avec le Centre pour la cybersécurité du WEF. Enfin, le Forum se propose d'ouvrir dans la région dix nouveaux «Global Shaper hubs», pour interconnecter les jeunes susceptibles de former la prochaine génération de leaders.
Poudrière de l'Europe
Et bien entendu, le «club» du Dialogue stratégique sur les Balkans occidentaux se donne à nouveau rendez-vous à Davos en janvier pour poursuivre les discussions. Tous les participants, en effet, s'entendent pour inscrire cette démarche dans la durée. Car les obstacles ne manquent pas. Outre le cas du Kosovo, dont la Serbie ne reconnaît pas l'indépendance, il y a le problème de la Macédoine, dont Athènes refuse l'adhésion à l'UE ou à l'OTAN tant qu'elle n'aura pas changé de nom (pour éviter l'amalgame avec la région septentrionale de Grèce). Or, suite à un accord avec Skopje, le pays doit s'appeler Macédoine du Nord, pour peu que le feu vert soit donné par référendum. Mais la forte abstention à ce référendum, qui a eu ce dimanche, entache sa légitimité.
Ne parlons même pas du cas de la Bosnie-Herzégovine, elle-même déchirée entre deux entités qui se détestent cordialement: la Fédération croato-bosniaque et la République serbe de Bosnie.
Tout ce beau monde pourra-t-il recréer de la stabilité – et un jour la paix – autour d'un projet économique? C'est tout l'enjeu de la démarche initiée par le WEF. Un enjeu crucial pour le Vieux-Continent. Car comme le rappelle Klaus Schwab, président exécutif du Forum, «les Balkans occidentaux ont souvent joué un rôle énorme dans l'Histoire de l'Europe.»
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