Ils veulent liquider les paroisses vaudoises
Olivier Delacrétaz s'intéresse aux bouleversements qui attendent l'Eglise.
En décembre dernier, le Conseil synodal déclarait: «Nous sommes à l'aube d'un bouleversement de notre manière de travailler en Eglise.» Dans la foulée, son Rapport non décisionnel au Synode concernant les dotations du 4 mars 2017 traitait des relations futures de l'Eglise avec une société devenue «liquide». Le terme est éloquent. Il évoque la dislocation des structures familiales, communales et entrepreneuriales, le refus de tout engagement durable, le désintérêt pour autrui, bref, une société transformée en chaos individualiste.
Comment toucher ce monde indifférent ou hostile à l'égard de la religion, des cultes dominicaux, du catéchisme et des activités paroissiales traditionnelles?
Selon le Rapport, l'Eglise doit entrer elle-même dans le monde «liquide», y parler le langage qui s'y parle, être sur la brèche pour réagir aux situations imprévues, créer l'événement, nouer des liens nouveaux, même de courte durée. En un mot, l'Eglise doit devenir liquide elle aussi.
Est-il possible de témoigner des vérités de la foi en adoptant le langage de la société liquide, langage de la consommation à outrance, de la festivité sans sacré, de l'événementiel sans lendemain, bref, le langage de la «com'» ? Nous posons la question aux théologiens.
Quoi qu'il en soit, cette approche obligerait l'Eglise à bouleverser le statut des paroisses et le rôle des pasteurs.
C'est ainsi que le Rapport propose de renforcer, une fois de plus, les régions par rapport aux paroisses. Il décrit ainsi la nouvelle donne: «Les ministres et animateurs d'Eglise ne sont plus affectés dans des postes précis, mais attribués à une Région et travaillent en équipe.» Autrement dit, on prévoit de transformer les pasteurs paroissiaux généralistes en intervenants régionaux spécialisés.
La région assurera quelques cultes dominicaux à l'usage des survivants de l'Eglise «solide». On conservera pour ce faire un certain nombre d'églises. D'autres seront dédiées à la culture. D'autres serviront de réfectoires ou de dortoirs d'urgence. Les dernières seront purement et simplement aliénées. Accablant contre témoignage que cet abandon physique du terrain! Les plus fidèles eux-mêmes y résisteront-ils?
En réalité, la société est encore loin d'être liquide, et les paroisses sont loin d'être refermées sur elles-mêmes. Elles entretiennent au contraire mille liens occasionnels ou permanents avec la population non pratiquante. Mais elles ne peuvent le faire que parce qu'une vie cultuelle régulière et communautaire, paroissiale en un mot, enracine, nourrit et oriente leurs efforts.
A une société qui devient liquide, l'Eglise doit proposer non pas sa propre liquéfaction, mais sa solidité réaffirmée, image et vecteur de la force éternelle de la Parole.
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