Immigration, croissance, fiscalité, la raison l'a emporté
Par Thierry Meyer, rédacteur en chef de 24heures.
Balancier. C'est le premier mot qui vient à l'esprit, après cet étonnant dimanche de votations, lorsqu'on contemple comme en miroir les deux votes cruciaux de cette année 2014 qui touche à sa fin. Au grand coup de barre, sinon de gueule, de février, signifiant qu'une majorité de votants voulait reprendre un contrôle de l'immigration économique qu'elle considérait comme perdu par les autorités politiques, succède un retour de flamme cinglant, qui expédie un texte dangereux et inconséquent à sa seule destination possible: la poubelle.
Equilibre. C'est le deuxième substantif, plus fondamental encore, qui ressort de ces votations rassérénantes pour la démocratie suisse – où les Vaudoises et les Vaudois se distinguent par la netteté remarquable de leur vote.
La clarté des résultats, leur homogénéité dans l'ensemble du pays, montre que les préoccupations de la population peuvent être résolues autrement qu'à coup d'expédients aux conséquences dévastatrices. Cette distraction passée, la mise en application d'un nouvel aménagement du territoire, d'un réseau de transports publics adapté, d'une politique du logement cohérente et d'une exploitation raisonnée des zones touristiques peut se poursuivre. Avec, on l'espère, toute la sérénité nécessaire à cet exercice délicat.
«Ces votations sont rassérénantes. Vaud se distingue par la netteté remarquable de son vote»
L'épisode Ecopop aura peut-être un aspect positif: son rejet massif pourrait donner au Conseil fédéral et aux négociateurs suisses quelques latitudes bienvenues pour trouver à Bruxelles des modalités acceptables de mise en œuvre de l'initiative sur «l'immigration de masse».
Le refus très net, et là aussi partagé par la quasi-totalité du pays, d'abolir le système d'imposition à la dépense pour les résidents étrangers fortunés, s'inscrit dans un souci d'équilibre. Pour la Suisse, l'enjeu majeur se concentre autour de la réforme de la fiscalité des entreprises. Le peuple a compris qu'à cette nécessaire adaptation, coûteuse, risquée et décisive, il eût été contre-productif d'ajouter la suppression d'une forme de taxation que la plupart des autres pays utilisent. Aux simplifications moralisantes, ils ont préféré un pragmatisme qui repose sur le fédéralisme, et qui renvoie aussi aux incohérences fiscales d'autres Etats si prompts à donner des leçons à la Suisse. Le sujet n'est pas clos, et la formule en place devra évoluer – comme prévu, du reste.
Enfin, les amateurs de chimères nationalistes, bonheur des spéculateurs, qui voulaient obliger la BNS à griller sa marge de manœuvre pour acheter la moitié de la production mondiale d'or ont été renvoyés sans ménagement à leurs chères études. La Suisse a joué à se faire peur, mais la raison l'a emporté. Le travail peut reprendre.
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