Jacques Nicolet provoque la colère des vétérinaires vaudois
Le candidat UDC au Conseil d'Etat a dit qu'il payait un praticien français pour ses vaches. Et il a invoqué des raisons de compétences.

Jacques Nicolet emploie un vétérinaire français pour certains soins au bétail de sa ferme, à Lignerolle. L'agriculteur et candidat UDC au Conseil d'Etat l'a admis dans le portrait de campagne que lui consacrait 24 heures le 5 avril dernier. Le candidat a précisé: «On peine à trouver toutes les compétences dans ma région.» Cette précision a vivement irrité certains vétérinaires vaudois.
Dans un courrier de lecteurs que nous publions ce mercredi, la Société vaudoise des vétérinaires (SVV) juge que ces propos sont «un affront à l'ensemble de la profession». Le comité de la faîtière, forte de 160 membres, déplore: «Monsieur Nicolet se permet de s'ériger en juge des compétences des vétérinaires afin de couvrir ses choix économiques douteux.»
Qui plus est, cette déclaration «intervient dans un contexte de concurrence toujours plus forte des vétérinaires étrangers. Depuis de nombreuses années, des vétérinaires français interviennent dans le canton de Vaud avec des tarifs facilement moins cher. Il y a un malaise dans les régions limitrophes, car le travail a tendance à baisser dans le secteur rural et en médecine équine», explique Jean-Gabriel Mottier, vétérinaire à Aigle et président de la SVV.
L'association se défend de vouloir faire de la politique. Mais son président ajoute ce qui ressemble bel et bien à une flèche contre le candidat UDC, partisan de la préférence cantonale et défenseur des produits agricoles indigènes: «Si on veut profiter des bas prix de nos voisins, on ne peut pas exiger que les autres fassent autrement.»
Ce qu'il voulait dire
Jacques Nicolet affirme que ses propos n'auraient «pas été entièrement rapportés» (précisons toutefois qu'ils ont été enregistrés pour les besoins de l'entretien). Mais qu'a-t-il voulu dire? «J'ai voulu dire qu'on avait de la peine à trouver certaines prestations en Suisse il y a vingt-cinq ans, comme les échographies ou les mésothérapies.» Aujourd'hui, «ce n'est plus le cas. D'ailleurs je sais qu'à l'heure actuelle les prestations des vétérinaires suisses sont plus étendues, voire meilleures dans certains cas.»
L'agriculteur dit travailler «depuis vingt-cinq ans avec un cabinet de vétérinaires en France voisine. Je leur suis fidèle parce que je suis content de leur travail. Actuellement, ils pratiquent 50% des interventions sur mon troupeau de 130 bovins.» Il estime que «le fait de travailler avec des vétérinaires français dans les régions frontalières est très répandu. Beaucoup d'agriculteurs que je connais le font.» Et d'ajouter par ailleurs que «plusieurs vétérinaires suisses engagent des vétérinaires frontaliers».
«Surprenant»
Vétérinaire durant près de quatre décennies dans le Jura, ardent défenseur de sa profession, le conseiller national Jean-Paul Gschwind (PDC) s'étonne des pratiques de Jacques Nicolet: «C'est surprenant pour un UDC… En somme, il nous dit: faites ce que je dis mais pas ce que je fais!» Serge Melly (Vaud Libre), lui aussi paysan et candidat au Conseil d'Etat vaudois, est plus indulgent: «Avec le pacage franco-suisse, les paysans font pâturer leurs bêtes depuis longtemps en France voisine, des contacts ont été noués avec des vétérinaires étrangers. Je conçois que la tradition reste.»
Quoi qu'il en soit, la polémique et les explications de Jacques Nicolet retiennent toute l'attention de ses adversaires politiques. Tel Stéphane Montangero, président du PS vaudois: «Je m'interroge sur les compétences qui manqueraient aux vétérinaires vaudois, eux qui sont si bien formés, et les raisons autres que bassement financières qui l'ont amené à faire ce choix.»
Le président des socialistes ajoute: «Si Monsieur Nicolet estime qu'on l'a mal compris, j'ose croire que c'est la dernière fois, car il paraît qu'on l'avait déjà mal compris l'autre jour sur son soutien à Marine Le Pen.»
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