En 1973, je suis venu en Suisse pour deux semaines et j’avais 200 dollars en poche. Cela fait maintenant un demi-siècle que j’y suis resté. J’aime la Suisse pour de nombreuses raisons. Lorsque je suis arrivé, la criminalité était quasi inexistante et personne ne fermait sa porte à clé. Bien sûr, cela a changé, mais la qualité de vie est encore l’une des meilleures au monde.
Votre système politique multipartite semble être l’un des plus stables et des plus fonctionnels de la planète. Et je ne sais pas s’il existe un autre endroit sur Terre où un homme ou une femme peut enseigner pendant trente-neuf ans, jouer et entraîner le basket-ball à un haut niveau pendant trente-cinq ans, écrire trente livres et une colonne dans un journal pendant vingt-cinq ans, et peindre quelques toiles en cours de route. Je tiens à remercier tous les gens merveilleux que j’ai connus dans ce beau pays au cours des cinquante dernières années. Vous avez tous contribué à faire de moi ce que je suis… et ne suis pas.
«Alors, que suis-je? Je suis un «viviste», celui qui a la chance de vivre.»
Je ne suis pas pessimiste, car un pessimiste est quelqu’un qui fronce les sourcils face à la vie et n’apprécie pas son caractère miraculeux et unique. Je ne suis pas optimiste, car un optimiste est quelqu’un qui doit sourire des horreurs de l’existence. Je ne suis pas un réaliste, car un réaliste doit savoir ce qu’est la réalité. Je ne suis pas socialiste, car je ne crois pas que deux créatures vivantes soient égales ou le seront jamais. Je ne suis pas un écologiste parce que je ne crois pas que l’homme soit séparé de la nature.
Je ne suis pas théologien parce que je n’ai aucune idée de ce qu’il faut vénérer. Je ne suis pas psychologue parce que je n’ai aucune idée de ce qu’est l’esprit et de ce qu’est la pensée. Je ne suis pas un philosophe parce que je n’ai aucune idée de ce que pourrait être la vérité et que je doute que l’homme ait la capacité de la connaître. Je ne suis pas un poète parce qu’en fin de compte, les mots ne sont que des jouets qui ne révéleront jamais la «vérité». Je ne suis pas un humaniste parce que je ne peux pas justifier que l’homme ait plus de valeur que les autres créatures. Je ne suis pas fataliste parce que je pense que le destin et le hasard sont la même chose. Je ne suis pas nationaliste parce que les frontières ont changé des milliers de fois.
Je ne suis pas historien parce que je pense que chaque instant est infiniment complexe. Je ne suis pas raciste parce que je ne crois pas à l’idée d’une race pure. Je ne suis pas un transcendantaliste parce que je n’ai aucune idée de ce qu’est le haut ou le bas. Je ne suis pas nihiliste parce que j’accorde la plus grande valeur à l’Être, même si je ne sais pas vraiment ce qu’est l’Être. Je ne suis pas pacifiste parce que je pense qu’il faut mettre fin à la violence insensée et que, si les moyens non violents ne fonctionnent pas, il faut recourir à la force…
Alors, que suis-je? Je suis un «viviste», celui qui a la chance de vivre. Et je suis un «amouriste», celui qui a la chance d’aimer.
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L’invité – Je dis merci à la Suisse pour ces cinquante années
Dans son style inimitable, Jon Ferguson déclare tout ce qu’il n’est pas… et ce qu’il est.